L’Algérie aurait déjoué un « complot » contre ses institutions (chef d’état-major)

L’Algérie aurait fait face en 2019 à un "dangereux complot" contre ses institutions, déjoué par le haut commandement militaire, a accusé lundi le chef d’état-major par intérim de l’armée, en référence au mouvement de contestation du régime.

Depuis la mort le 23 décembre du puissant général Ahmed Gaïd Salah, le général Saïd Chengriha assure l’intérim à la tête de l’état-major algérien.

"Au cours de cette dernière période de notre histoire contemporaine (…) notre pays a fait face à un dangereux complot", a déclaré le général Saïd Chengriha, selon un communiqué publié lundi.

Le général s’exprimait lors de sa première prise de parole publique, à l’occasion d’une réunion avec "les cadres du ministère de la Défense et de l’état-major de l’armée", dont la date n’a pas été précisée.

Ce complot, a-t-il ajouté, "visait la stabilité de l’Algérie et les fondements de l’Etat, ainsi que la neutralisation de ses institutions constitutionnelles, pour l’entrainer dans le bourbier du chaos et de la violence".

Le général Chengriha fait référence aux revendications du "Hirak", un mouvement de contestation inédit et massif qui exige en vain depuis le 22 février la mise en place d’institutions "de transition" pour mettre fin au "système" politique qui dirige l’Algérie depuis son indépendance en 1962.

Ouvertement aux manettes après la démission du président Abdelaziz Bouteflika en avril, le haut commandement militaire, incarné jusqu’à sa mort par le général Gaïd Salah, a constamment balayé cette revendication et refusé de sortir du "cadre constitutionnel". Il a réussi à imposer une présidentielle qui a élu le 12 décembre, sur fond d’abstention record, Abdelmadjid Tebboune pour succéder à M. Bouteflika.

"Le Haut commandement de l’armée (…) a pris conscience de l’ampleur de ce complot", a déclaré le général Chengriha.

Il "a su gérer cette phase avec sagesse et clairvoyance", en veillant à "la protection des marches pacifiques sans qu’aucune goutte de sang ne soit versée" et grâce à "sa détermination à rester dans la légitimité constitutionnelle et à faire face à quiconque tente de porter atteinte à l’unité nationale".

Près de 150 manifestants, militants ou journalistes ont été placés en détention ou condamnés, le plus souvent pour "atteinte à l’intégrité du territoire", pour des écrits sur les réseaux sociaux ou pour avoir brandi un drapeau amazigh (berbère) lors de manifestations contre le gouvernement.

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