Italie : Salvini fait éclater la coalition populiste

Matteo Salvini, l’homme fort du gouvernement italien et chef de la Ligue (extrême droite), a réclamé jeudi des élections anticipées, faisant éclater la coalition populiste instaurée il y a 14 mois avec son allié du Mouvement 5 Etoiles.

"Allons tout de suite au Parlement pour prendre acte qu’il n’y a plus de majorité (…) et restituons rapidement la parole aux électeurs", a-t-il exigé dans un communiqué, diffusé après une série de rencontres entre dirigeants politiques.

"Il est inutile d’aller de l’avant avec des +non+ et des disputes, comme ces dernières semaines, les Italiens ont besoin de certitudes et d’un gouvernement qui travaille", a ajouté le vice-Premier ministre de la Ligue (extrême droite).

Dans la soirée, il a pratiquement lancé sa campagne électorale lors d’un meeting à Pescara (centre).

"On nous dit qu’on ne peut pas réduire les impôts. Nous prouverons, si vous nous donnez la force de le faire, qu’il est possible de réduire les impôts aux travailleurs italiens", a-t-il lancé devant ses sympathisants.

"Nous sommes au service du peuple italien, les privilèges pour nous comptent moins que zéro", a-t-il ajouté.

La crise au sein de la coalition a été déclenchée par le dernier vote de la session parlementaire sur la ligne ferroviaire Lyon-Turin, mercredi.

Le M5S s’est retrouvé à voter tout seul une motion contre cette liaison franco-italienne à grande vitesse, tandis que la Ligue apportait son soutien à deux motions de l’opposition en faveur du projet.

Matteo Salvini a dénoncé, dans son communiqué, "les insultes répétées à moi et à la Ligue de la part de prétendus alliés", dans une allusion au ministre des Transports, Danilo Toninelli, qui l’a l’avait qualifié de "nain assis sur les épaules de géants".

Les crises politiques en Italie ne se produisent généralement pas en été, encore moins en plein mois d’août, mais Matteo Salvini a estimé que cela n’avait pas d’importance.

"Les vacances ne peuvent pas être une excuse pour perdre du temps et les parlementaires peuvent revenir travailler la semaine prochaine, comme le font des millions d’Italiens, à moins qu’ils ne veulent sauver leurs privilèges", a conclu le chef de la Ligue.

– La Ligue en position de force –

La tension entre les deux ex-alliés gouvernementaux, la Ligue et le M5S, couvait depuis de longues semaines, plus spécialement depuis les élections européennes qui se sont traduites par un triomphe de la Ligue et un échec cuisant pour le Mouvement.

Ces élections ont marqué un retournement de situation par rapport aux législatives de mars 2018 qui avaient attribué au M5S plus de 32% des voix et à la Ligue environ 17%.

Les Européennes ont vu la Ligue pulvériser toutes les prévisions obtenant plus de 34%, soit environ le double du M5S, tombé à 17% environ.

Depuis ce scrutin, tous les observateurs italiens se demandaient combien de temps Matteo Salvini allait accorder au gouvernement de Giuseppe Conte avant de le faire chuter, fort de sondages qui le donnaient à 36/38% des intentions de vote, voire plus, lui permettant potentiellement de gouverner presque seul, ou avec l’appui déjà acquis d’avance du parti post-fasciste Fratelli d’Italia.

Luigi di Maio, le chef du M5S très contesté en interne et peu offensif depuis les Européennes qui faisaient suite à une série de défaites dans des scrutins locaux, s’est contenté d’affirmer que son mouvement "est prêt" à retourner aux urnes.

La grande inconnue reste la réaction du chef de l’Etat, M. Mattarella, qui a seul le pouvoir de dissoudre le Parlement, après consultation des présidents des deux chambres et des principaux dirigeants politiques avant de convoquer un scrutin.

Or M. Mattarella est notoirement opposé à des élections à l’automne, la période où le gouvernement doit préparer le budget de l’année prochaine, en discuter avec Bruxelles et le présenter pour adoption au Parlement.

Selon l’agence AGI, le Sénat pourrait se réunir le 20 août pour décréter la fin de la majorité gouvernementale et le Parlement pourrait être dissous quelques jours plus tard. De nouvelles élections devraient alors être convoquées dans un délai de 50 à 70 jours, selon la Constitution italienne.

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