La semaine dernière, le président de la République a demandé à Brice Hortefeux de reprendre l’initiative sur le sujet. Le ministre de l’Intérieur, qui vient de reprendre le dossier – il a été ministre de l’Immigration de 2007 à 2009 –, a reçu des consignes très fermes, tant l’immigration reste un dossier prioritaire, un thème de campagne pour 2012. Pour la première fois depuis 2007, les objectifs chiffrés fixés par le président de la République ne devraient pas être atteints, ou alors sur le fil. Ce sont les reconduites de Roms roumains et bulgares, organisées à grand fracas médiatique, qui ont dopé les chiffres. A la fin du mois de septembre, les départs volontaires, dont ils composent la majorité du contingent, ont bondi de 14%… Tandis que les reconduites forcées étaient en net recul.
Les juges continuent d’annuler les décisions des préfets
Lorsqu’il avait pris la succession de Michèle Alliot-Marie à l’Intérieur, Brice Hortefeux n’avait pas hésité à faire valoir son droit d’inventaire, soulignant les mauvais chiffres de sa collègue. Cette fois, il devrait retenir ses coups, même si les relations entre les deux cabinets se sont considérablement dégradées depuis le mois d’août dernier et la polémique autour de la circulaire sur les Roms; à tel point que les directeurs de cabinet des deux ministres ne se serrent pas la main lorsqu’ils se croisent à l’Elysée.
"Hortefeux considère qu’Eric Besson a sa part de responsabilité car il n’a jamais réellement assumé son rôle. Il pense qu’il a provoqué un véritable appel d’air en vantant en permanence la tradition d’accueil de notre pays", explique un parlementaire ami de la Place Beauvau, "mais l’attaquer reviendrait à remettre en cause la doctrine sarkozyste en la matière". Et pour cause… Malgré trois lois sur l’immigration depuis 2002, deux signées par Nicolas Sarkozy au ministère de l’Immigration et une par Brice Hortefeux, la politique du chiffre, chère à Nicolas Sarkozy, marque le pas. Le manque de "zèle" idéologique supposé d’Eric Besson ne clôt pas le débat: les juges continuent d’annuler massivement les décisions des préfets et les laissez-passer consulaires délivrés par les pays étrangers permettant de renvoyer les clandestins plafonnent toujours autour de 35%.
Dès le début du mois de janvier, le ministre de l’Intérieur devrait réunir les préfets et les consuls pour leur rappeler que l’immigration reste une priorité du gouvernement. Il devrait également recevoir rapidement les représentants du Conseil d’Etat, dont dépend largement la politique de l’asile. Enfin, il va demander avec sa collègue Valérie Pécresse une mission d’audit à l’Inspection générale de l’enseignement supérieur pour faire le point sur l’explosion du nombre d’étudiants étrangers depuis le début de l’année. Au ministère de l’Intérieur et à l’Elysée, on suspecterait les universités françaises d’être, en fait, l’une des voies d’entrée sur le territoire national de migrants économiques.