Cette nouvelle manifestation, c’est "pour l’efficacité des Etats généraux de l’alimentation, et pour l’arrêt des distorsions franco-françaises", a expliqué à l’AFP Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, syndicat qui appelle les agriculteurs à manifester avec celui des Jeunes Agriculteurs (JA).
La Loi dite Egalim, issue des Etats généraux de l’alimentation et mise en place en début d’année, était censée ramener du revenu dans les cours des fermes en rééquilibrant les relations commerciales, mais jusqu’ici les agriculteurs disent ne pas vraiment voir de différence.
Les manifestants veulent donc mettre la pression sur la grande distribution et ses fournisseurs alors que viennent de commencer les négociations commerciales annuelles qui fixent les prix pour un an.
"Nous voulons que les distributeurs jouent le jeu et ne fassent pas comme a fait Lidl il y dix jours, du steak haché à 6,75 euros le kilo, ce qui est un profond scandale. C’est comme quand Carrefour avait fait le lait à 0,87 euro en bio l’année dernière", ajoute Christiane Lambert.
"Méconnaissance de notre métier"
Plus de 1.000 tracteurs venus des régions Hauts-de-France, Normandie, Ile-de-France, Grand-Est, Centre-Val-de-Loire et Bourgogne-Franche-Comté sont attendus sur l’avenue Foch à Paris. Certains représentants syndicaux, critiques des accords de libéralisation commerciale de l’UE qui augmentent les importations agricoles et alimentaires en France, ont demandé à rencontrer le président de la République.
"Le principal motif de colère est l’impression d’être abandonné à la fois par les politiques et par la société", explique Guillaume Moret, 49 ans, exploitant dans le Val d’Oise qui manifestera mercredi dans son tracteur, car "il y a beaucoup de dénigrement des agriculteurs par méconnaissance de notre métier".
"On veut une agriculture et une alimentation de plus en plus propres, or, on importe de plus en plus de produits traités. Nous, on a du mal à s’y retrouver", témoigne pour sa part Quentin Le Guillous, 29 ans, agriculteur à Houdan (Yvelines) qui part lui aussi pour Paris.
50 intrusions
En Rhône-Alpes, des agriculteurs de toute la région ont prévu de bloquer les accès autoroutiers de Lyon en trois points: au nord (Limonest), au sud (Ternay) et à l’est (Beynost). A chaque point, une cinquantaine de tracteurs devraient être positionnés, selon la FDSEA et les JA.
Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a indiqué mardi devant l’hémicycle qu’il partageait les inquiétudes des agriculteurs qui "sont malmenés, qui sont montrés du doigt". "Depuis une dizaine de mois c’est 50 intrusions dans des exploitations agricoles, dans des bâtiments d’élevage. Ce week-end encore, trois bâtiments ont brûlé, ce n’est pas acceptable !", a souligné le ministre.
Dans la nuit du 22 au 23 novembre, trois incendies ont touché des exploitations laitières dans le secteur de Romans-sur-Isère (Drôme), tuant 30 bovins, selon la gendarmerie. Ces incendies n’ont pour l’heure pas été revendiqués.
En Auvergne, des agriculteurs viendront des quatre départements auvergnats (Cantal, Puy-de-Dôme, Haute-Loire et Allier) mais aussi de la Loire et de la Creuse pour une action dans la matinée sur l’A71 près de Clermont-Ferrand.
Des mobilisations sont également prévues à Toulouse et dans le Vaucluse, qui a prévu une "journée de deuil de l’agriculture vauclusienne".
"On devait y être, mais ce n’est pas possible, là il y a des gens en détresse. On a au moins 200 agriculteurs qui ont tout perdu, maison, exploitation et leur salaire pour l’année", a expliqué pour sa part Sylvain Audemard, de la FSDEA du Var, deux jours après des inondations catastrophiques qui ont frappé son département.