Egypte: Mohammed Morsi commence ses consultations pour la formation d’un gouvernement

L’islamiste Mohammed Morsi, proclamé vainqueur dimanche de l’élection présidentielle en Egypte, a entamé lundi au Caire ses consultations pour la formation de son équipe et d’un nouveau gouvernement. Premier civil dans un pays toujours jusqu’à présent dirigé par des militaires, Mohammed Morsi va devoir compter avec l’armée qui a fortement restreint avant le scrutin les prérogatives du chef de l’Etat.

Candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi l’a emporté lors du second tour des 16 et 17 juin avec 51,7% des voix contre 48,3% à son rival Ahmed Shafiq, dernier Premier ministre du président déchu Hosni Moubarak. Les résultats ont été proclamés après une semaine d’attente tendue, ponctuée de rumeurs, d’accusations de fraudes et manipulations.

Installé dans le bureau de l’ancien raïs, M. Morsi se donne pour "priorité" la formation d’un gouvernement d’unité nationale stable, selon Yasser Ali, un porte-parole de son équipe de campagne. Cela "prendra du temps", a reconnu M. Ali, selon lequel le président élu veut ressouder le pays divisé. Lors de son premier discours dimanche soir, Mohammed Morsi s’est présenté comme le "président de tous les Egyptiens", porteur d’un "message de paix".

En attendant la formation d’un nouveau gouvernement, le précédent cabinet dirigé par Kamal el-Ganzouri a présenté lundi sa démission. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011 l’a chargé d’assurer les affaires courantes, selon la télévision publique.

Aucune date n’a encore été fixée pour la prestation de serment de Mohammed Morsi. L’investiture des précédents présidents avait lieu devant le Parlement, dissous le 14 juin par le Conseil suprême constitutionnel. Les Frères musulmans se sont retrouvés ainsi sans représentation parlementaire, eux qui avaient obtenu près de la moitié des sièges de députés.

Le CSFA a certes réaffirmé la semaine dernière son engagement à transmettre le pouvoir d’ici le 30 juin, comme prévu, au président élu. Mais les militaires, qui ont déjà repris le pouvoir législatif, se sont également donnés les moyens de rédiger à leur avantage la future Constitution, afin d’encadrer les pouvoirs du chef de l’Etat.

Amendée au soir du second tour le 17 juin, la nouvelle déclaration constitutionnelle par intérim confère par exemple à l’armée le pouvoir de nommer le ministre de la Défense et la prééminence sur toutes les questions militaires.

La partie s’annonce délicate pour Mohammed Morsi, qui a rencontré lundi le chef du CSFA, le maréchal Hussein Tantaoui. D’après Emad Abdel-Ghaffour, leader du parti salafiste Al-Nour qui avait recueilli un quart des sièges à l’Assemblée du peuple, les discussions se poursuivaient avec les militaires.

"Chacun veut des garanties", a-t-il résumé. Les militaires, a-t-il ajouté, réclament notamment la nomination d’un Premier ministre non issu des Frères musulmans.

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