Coronavirus : Trump va « suspendre » l’immigration

Face à « l’ennemi invisible » du coronavirus, le président Donald Trump a annoncé « suspendre temporairement » l’immigration aux Etats-Unis pour « protéger les emplois » des Américains et l’économie du pays, aujourd’hui le plus touché par la pandémie.

En Europe, malgré le déconfinement qui s’annonce, la Fête de la bière en Allemagne et la Feria de Pampelune en Espagne, deux des plus grands rendez-vous festifs de l’année sur le Vieux continent, ont été annulées mardi, nouveau signe que la pandémie planétaire est loin d’être circonscrite.

Depuis son apparition en décembre dans le centre de la Chine, le nouveau coronavirus a fait plus de 170.000 morts dans le monde, selon un dernier comptage de l’AFP sur la base de sources officielles. La Chine a jugulé la maladie, qui a ensuite frappé l’Europe (deux tiers des décès dans le monde) et aujourd’hui les Etats-Unis où l’on comptabilise à ce jour plus de 42.000 morts.

« A la lumière de l’attaque de l’Ennemi Invisible, et face à la nécessité de protéger les emplois de nos GRANDS citoyens américains, je vais signer un décret présidentiel pour suspendre temporairement l’immigration aux Etats-Unis », a tweeté Donald Trump.

Moins de voitures, trop de pétrole

Le président-milliardaire, candidat à sa réélection en novembre 2020 et dont la limitation de l’immigration est un des habituels chevaux de bataille, n’a donné aucun détail sur la manière dont il entendait appliquer cette mesure, et pour combien de temps. Mais il pourrait signer un décret en ce sens dès mardi, selon le Washington Post.

Il avait dès janvier restreint les déplacements avec la Chine, avant d’interdire les voyages entre les Etats-Unis et la plupart des pays européens à la mi-mars.

Donald Trump s’est depuis montré impatient de relancer la machine économique face aux efforts déployés pour lutter contre la maladie et a encouragé les manifestants en colère contre les mesures de confinement dans certains Etats.

Cette annonce intervient alors que le pétrole a connu lundi un effondrement historique : le cours du baril à terme est passé en-dessous de zéro pour la première fois, conséquence d’une chute vertigineuse de la demande et des réserves américaines proches de la saturation.

Le prix du baril américain de pétrole brut coté à New York pour livraison en mai s’est ainsi effondré à -37,63 dollars : ces barils américains ont perdu toute leur valeur et les investisseurs souhaitant s’en délester n’ont d’autre choix que de mettre la main à la poche pour trouver preneur.

Le cours de l’or noir s’est redressé mardi matin en Asie en revenant légèrement au-dessus de zéro. Le baril de Brent de la mer du Nord est tombé peu après sous les 20 dollars, à son plus bas niveau depuis décembre 2001.

« Le problème c’est qu’en ce moment dans le monde, personne ne conduit de voiture », a résumé à sa manière le président Trump. « Les usines sont fermées et les commerces sont fermés ».

Adieu bière et taureaux

Au moins 4,5 milliards de personnes dans 110 pays ou territoires vivent aujourd’ui confinées ou contraintes de limiter leur déplacement pour tenter d’endiguer la propagation du virus, soit près de six humains sur dix (environ 58 %).

Au-delà du drame humain et sanitaire, le coût économique s’annonce énorme pour un monde moderne ultra-connecté, qui vit au rythme des indices de croissance. L’impatience gagne également des populations forcées de se cloîtrer, dans un confort relatif en Europe, mais dans la pauvreté et la misère sur d’autres continents.

« Le nombre de personnes souffrant sévèrement de la faim pourrait doubler en raison de la pandémie de Covid-19, atteignant alors plus de 250 millions d’ici la fin de 2020 », a averti mardi le Programme alimentaire mondial (PAM).

En Europe, plusieurs pays – Allemagne en tête, mais aussi Autriche, Norvège, Danemark – ont commencé ce début de semaine à assouplir les mesures de confinement, tout en conservant des mesures de « distanciation sociale ».

Bars, restaurants, lieux culturels, terrains de sports y demeurent fermés. Ecoles et lycées rouvriront progressivement. Et les grands rassemblements tels que les concerts ou compétitions sportives, sont toujours interdits.

« Aller trop vite serait une erreur », s’est alarmé la chancelière allemande Angela Merkel. « Nous sommes encore loin d’être sortis de l’auberge ».

En écho à ces inquiétudes, la célèbre Fête allemande de la bière de Munich, prévue cette année du 19 septembre au 4 octobre, a été annulée mardi par les autorités locales. « Les risques étaient tout simplement trop élevés » avec plus de 6 millions de visiteurs attendus, dont un tiers venant de l’étranger et d’Asie en particulier.

C’est une première depuis la Seconde Guerre mondiale, mais cette gigantesque fête, « célèbre » aussi pour ses excès liés à l’abus d’alcool, avait déjà été victime d’une épidémie entre 1854 et 1873, à cause du choléra cette fois.

En Espagne, la ville de Pampelune a annoncé mardi qu’elle annulait ses célèbres fêtes de la San Fermin, dont les lâchers de taureaux attirent habituellement début juillet des centaines de milliers de touristes. « Il n’y a pas d’autre option possible pour des fêtes aussi massives et internationales », a annoncé la mairie dans un communiqué.

Une épidémie de corruption ?

Sur le continent européen, l’Italie a été le pays le plus affecté (24.114 décès), suivi de l’Espagne (21.282), la France (20.265) et le Royaume-Uni (16.509).

L’Italie comme la France se préparent à un lent déconfinement, avec force précautions, respectivement à compter des 3 et 11 mai. En revanche au Royaume-Uni, le confinement instauré le 23 mars a été prolongé d’au moins trois semaines. La reine Elisabeth II fête mardi son 94e printemps, mais sans sa famille ni les traditionnelles salves d’honneurs à coups de canons, qu’elle a jugées inopportunes en pleine pandémie.

En France, des heurts nocturnes ont été signalés ces derniers jours avec les forces de l’ordre dans des quartiers populaires en banlieue parisienne et à Strasbourg (est), nouveaux signes que le confinement commence à peser sous le soleil printanier.

En Grèce, les autorités grecques ont mis en quarantaine 470 demandeurs d’asile hébergés dans un hôtel du Péloponnèse (sud), après la contamination de près d’un tiers d’entre eux.

Dans la ville chinoise de Wuhan, ancien épicentre de l’épidémie en Chine, où le bouclage a été levé le 8 avril, la vie reprend doucement son cours : photos de mariage, baignades, pique-niques… Mais la plupart des commerces de bouche restent fermés, et le retour au monde d’avant prendra du temps. « Les gens ont peur des cas asymptomatiques », confie une restauratrice.

Pointée du doigt par les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, pour de possibles dissimulations dans la gestion de l’épidémie, la Chine a assuré mardi qu’elle avait été « ouverte, transparente et responsable ».

Pendant ce temps, certains Etats profitent de la pandémie pour s’attaquer un peu plus à la liberté de la presse, Chine et Iran en particulier « ont mis en place des dispositifs de censure massifs », tandis qu’une « armée de trolls d’État, en Russie, en Chine, en Inde, aux Philippines et au Vietnam utilisent l’arme de la désinformation sur les réseaux sociaux », a déploré l’organisation Reporters sans frontières (RSF).

« L’éruption de l’épidémie de Covid-19 accroît les risques de corruption » et le secteur de la santé y est particulièrement exposé, a de son côté mis en garde un organe du Conseil de l’Europe.

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