L’après-coronavirus : privilégier les compétences marocaines du monde pour stopper la fuite des cerveaux

En raison de la guerre déclarée contre la pandémie du coronavirus, le besoin est devenu un moteur de créativité. C’est ce que des jeunes marocains ont prouvé à travers le développement d’appareils médicaux, respirateurs, blouses de protection et masques. Ces denrées sont rares au point que des avions transportant ces précieuses cargaisons médicales ont été détournées.

Nous ne pouvons nier notre admiration alors que nous suivons ces jeunes inventeurs marocains qui développent des équipements médicaux nécessaires pour sauver les vies des victimes du virus, et nous ne pouvons nier non plus la fierté que nous avons ressenti envers cette jeunesse marocaine même si de nombreuses questions ont aussitôt fait surface : avions-nous connaissance de l’existence de ces compétences avant ce contexte de pandémie ? Est-ce qu’ils sont à leurs premières inventions ? Ou en ont-ils d’autres ? Si oui où et quand ?

Nous nous sommes habitués à la victoire de plusieurs jeunes marocains dans des compétitions internationales dans les domaines des inventions scientifiques et techniques. Mais nous les perdons rapidement de vue dès qu’ils intègrent des instituts et des laboratoires de recherches internationaux  et nous lamentons après coup sur la fuite des cerveaux et la migration des compétences marocaines à l’étranger.

La découverte de ces jeunes inventeurs talentueux n’est pas qu’un simple frit de ou la concrétisation d’un parcours professionnel et technique, c’est bel et bien l’annonce d’un espoir et le début d’une nouvelle ère dans l’encouragement de la recherche scientifique, de l’accompagnement des jeunes talents et créateurs, et aussi de la mise à jour de l’arsenal juridique concernant les brevets d’inventions et la facilitation des opérations de propriété intellectuelle et technique.

Car au moment où la majorité des pays du monde ont annoncé la fermeture de leurs frontières en application du confinement sanitaire que nous nous sommes retrouvés face à face en guerre avec un ennemi invisible. Chacun de nous a dévoilé le meilleur en lui. Personne n’a fait l’exception dans ce beau pays, à commencer par les agents du pouvoir, les professionnels de la santé, de l’enseignement, les agriculteurs ou les pêcheurs, et bien d’autres acteurs de la société civile afin d’aider et de soutenir de concert cette magnifique symphonie.

Quand nous évoquons les jeunes marocains inventeurs et créateurs, nous évoquons aussi en termes du futur, la science, le savoir, la recherche scientifique, l’intelligence artificielle et la révolution numérique. Ce qui signifie nécessairement donner plus d’importance à l’amélioration du climat de la recherche scientifique, l’augmentation de son budget, l’amélioration de la qualité des équipements des laboratoires, la signature de partenariats avec des universités et instituts internationaux pour en faire les points saillants dans toutes politiques et tous les programmes publiques et pour attirer l’attention sur son importance au sein de la Commission spéciale sur le nouveau modèle économique.

En ce sens, il est essentiel aujourd’hui de rappeler ce que le royaume possède des compétences scientifiques au sein de la communauté marocaine à l’étranger sur qui le Maroc peut compter pour aider et soutenir les jeunes étudiants dans la recherche scientifique et l’animation des laboratoires scientifiques marocains. Il suffit de rappeler dans ce cadre que le docteur Moncef Mohamed Slaoui, immunologiste et expert international en vaccins, est membre de la commission scientifique chargée aux États-Unis de trouver un vaccin contre le Covid-19.

Et aussi d’autres jeunes marocains, des génies de laboratoires de renom comme Sara Bellali, docteur et chercheuse dans les maladies contagieuses et virus aux côtés du professeur Didier Raoult à Marseille en France. Nous ne pouvons pas oublier également le brillant parcours du docteur Jamal Aissa dont le nom s’associe au professeur Luc Montagnier à l’Institut Pasteur à Paris où ce dernier a découvert le virus du SIDA en 1983.

Nous avons évoqué à plus d’une occasion plusieurs noms de scientifiques d’envergure parmi les Marocains du monde dans plusieurs spécialités pointues, surtout en intelligence artificielle, ingénierie des systèmes électroniques et dans les domaines de la recherche scientifique et médicale dans des laboratoires internationaux. Des profils exceptionnels en mesure de pourvoir une aide précieuse afin de faire avancer la recherche scientifique au Maroc et la hisser au rang des grands pays.

Nous réalisons que l’espace est insuffisant pour citer les noms de toutes les compétences marocaines du monde, mais nous pouvons évoquer à titre d’exemple Rachid Yazami, Majid El Bouazzaoui, Anis Kirama, Mohammed et Khadija Ait El Hadj, Ismahane El Ouafi, Kawtar Hafidi et bien d’autres. Nous avons en effet exprimé à toutes les occasions qui se sont présentées la nécessité de se doter d’un meilleur climat pour le travail et la création, que ce soit pour récupérer ces compétences marocaines à travers le monde ou pour ralentir la fuite des cerveaux et des talents du Maroc.

En ces temps de pandémie, nous ne devons pas nous contenter de compter le nombre des victimes, de nous féliciter de la solidarité sociale ou de sensibiliser sur l’importance d’appliquer le confinement sanitaire pour prévenir la transmission du virus, nous devons aussi profondément réfléchir à la nécessité de redistribuer les cartes de nos priorités, dont celle de faire prévaloir les domaines de la recherche scientifique et des talents. Ce qui signifie aussi l’augmentation du budget qui lui est alloué, l’amélioration du climat du travail et de la création et la protection de la propriété intellectuelle et des brevets d’inventions.

Abdellah BOUSSOUF*, historien, Secrétaire général du Conseil de la 

communauté marocaine à l’étranger (CCME)

 

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite