Catalogne: le séparatiste Puigdemont propose la « suspension » de la déclaration d’indépendance

Le président régional Carles Puigdemont a déclaré mardi que «la Catalogne a gagné le droit d’être un État indépendant». Il a cependant demandé le report de cette déclaration aux prochaines semaines.

Le président séparatiste catalan Carles Puigdemont a commencé mardi à s’exprimer devant le parlement catalan sur les "conséquences politiques" du référendum catalan, soulignant la nécessité impérieuse de "réduire les tensions" dans la région.

Selon plusieurs médias espagnols, il a écrit et réécrit son texte, tiraillé sans doute entre les partisans d’un départ sans ménagements et ceux qui craignent que le remède, l’indépendance, ne soit finalement pire que le mal, la tutelle de Madrid.

Il a dénoncé le refus "radical" de l’Etat espagnol de négocier un référendum et demandé au parlement catalan de lui donner un mandat pour déclarer l’indépendance de la Catalogne.

Carles Puigdemont a notamment souligné la nécessité impérieuse de "réduire les tensions" dans la région et dénoncé le refus "radical" de Madrid de négocier un référendum.

Le défi lancé à l’Etat par le dirigeant de cette région au coeur de l’Europe méditerranéenne, où vivent 16% des Espagnols, reste sans précédent depuis que le pays a retrouvé la démocratie en 1977.

La séance devant le Parlement, placé sous haute sécurité, a commencé dans la confusion, retardée d’une heure "en raison de contacts pour une médiation internationale", selon un porte-parole du gouvernement catalan.

Le gouvernement espagnol a aussitôt insisté auprès de l’AFP qu’une médiation avec Carles Puigdemont, le leader séparatiste, n’était "pas envisageable". Et la rumeur d’une vidéo-conférence avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a été immédiatement démentie par Bruxelles.

Ce coup de théâtre est intervenu alors que Madrid et l’Union européenne ont multiplié ces dernières heures les mises en garde contre une possible déclaration unilatérale d’indépendance.

Le Parlement était placé sous sécurité maximale et protégé par des dizaines de fourgons de police, alors qu’un hélicoptère des Mossos d’Esquadra, la police catalane, tournait dans le ciel. La présence policière était également renforcée dans les points stratégiques de la ville, notamment les gares et l’aéroport.

L’Union européenne, déjà secouée par le Brexit, suit la crise avec inquiétude, ses dirigeants prévenant que l’Union européenne ne reconnaîtrait pas une Catalogne indépendante.

Le président du Conseil européen Donald Tusk a encouragé Carles Puigdemont à éviter "une décision qui rendrait le dialogue impossible", redoutant "un conflit dont les conséquences seraient à l’évidence négatives pour les Catalans, pour l’Espagne et pour toute l’Europe".

Le président français Emmanuel Macron a souhaité une solution pacifique face à ce qu’il a qualifié de "coup de force des Catalans".

A Madrid, le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy a laissé entendre ces derniers jours qu’en cas de déclaration unilatérale d’indépendance, il pourrait suspendre l’autonomie de la région, une mesure jamais appliquée dans cette monarchie parlementaire extrêmement décentralisée.

Mais il a d’autres instruments à sa disposition. Il a déjà pris le contrôle des finances de cette région en septembre. Il peut aussi instaurer un état d’urgence allégé lui permettant d’agir par décrets.

"Je veux demander à M. Puigdemont qu’il n’entreprenne rien d’irréversible, qu’il n’emprunte aucun chemin sans retour", a déclaré mardi le porte-parole du gouvernement Inigo Mendez de Vigo.

Carles Puigdemont pourrait choisir une voie médiane, une "déclaration d’indépendance en différé", ou se contenter d’une proclamation symbolique, évoquant l’urgence d’un dialogue, et enclenchant un processus par étapes, pour ne pas perdre la face.

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