Catalogne: le fossé se creuse entre Madrid et les séparatistes

Au lendemain d’un référendum interdit en Catalogne, marqué par des violences policières, le fossé semblait se creuser encore un peu plus entre Madrid et les dirigeants séparatistes de cette puissante région d’Espagne qui évoquent une possible déclaration d’indépendance.

D’autant que 44 organisations – dont les principaux syndicats catalans et deux associations indépendantistes – ont appelé à une journée de grève générale et de mobilisations mardi en Catalogne.

Le président de la Catalogne Carles Puigdemont a affirmé dimanche que les habitants de sa région avaient gagné "le droit d’avoir un Etat indépendant qui prenne la forme d’une République", séparé de la monarchie espagnole, après cette consultation jugée illégale par la justice et que Madrid a tenté d’empêcher.

Dans un entretien accordé samedi à l’AFP, Carles Puigdemont, 54 ans, à la tête de la Catalogne depuis début 2016, avait assuré qu’en cas de victoire du "oui", il déclarerait l’indépendance de la Catalogne, région stratégique au coeur de l’Europe représentant 19% du PIB espagnol.

Conscient de la situation de blocage, M. Puigdemont en a appelé à l’Union européenne, l’enjoignant à "ne plus regarder ailleurs".

Selon l’exécutif catalan, le oui à un "Etat indépendant sous forme de République" l’a emporté à 90%, avec 2,26 millions de voix et un taux de participation de 42,3%.

L’annonce a été accueillie par des "hourras" et des pétards dans le centre de Barcelone où quelques milliers de séparatistes s’étaient rassemblés.

En face, le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a lui estimé qu’il n’y avait "pas eu de référendum d’autodétermination en Catalogne" et que cette consultation n’a été qu’une "une simple mise en scène".

Cette consultation, jugée illégale par le Cour constitutionnelle, n’était assortie d’aucune des garanties nécessaires: aucune commission électorale n’a supervisé l’organisation, le recensement n’était pas transparent, le vote n’était pas secret, etc.

Sans le nommer, M. Rajoy a désigné M. Puigdemont comme l’un des responsables des événements de la journée, estimant qu’il avait promu "la violation de la loi et la rupture du vivre-ensemble". "Ne cherchez pas d’autre coupables, il n’y en a pas".

Et les sanctions judiciaires pourraient tomber. M. Puigdemont et l’ensemble de l’exécutif catalan sont déjà visés par une enquête pénale pour "désobeissance, prévarication et détournement de fonds publics", en lien avec l’organisation du référendum.

Le 25 septembre, le procureur général espagnol avait suggéré que l’arrestation de Carles Puigdemont restait une possibilité, même si elle n’était pas envisagée dans l’immédiat.

Et certains ont appelé à l’utilisation par Madrid de l’article 155 de la Constitution qui lui permet de suspendre l’autonomie de la Catalogne.

Cette confrontation politique est considérée en Espagne comme la pire crise politique vécue par le pays depuis le Coup d’Etat militaire avorté de 1981.

(Avec AFP)

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