Le chef de l’exécutif européen, qui abandonnera son poste justement le 31 octobre, fait valoir que le Brexit "va à l’encontre du sens de l’histoire et de l’esprit de (l’ancien homme d’Etat britannique Winston) Churchill qui en son temps plaida pour des Etats-Unis d’Europe".
"Je crois que nous avons encore la possibilité de parvenir à un accord" avec Londres, estime cependant M. Juncker, qualifiant de "constructive et en partie positive" sa rencontre lundi dernier à Luxembourg avec le Premier ministre britannique Boris Johnson.
"Je ne partage pas l’idée de ceux qui pensent que Johnson joue avec nous et avec lui-même. Je crois qu’il tente de chercher un accord acceptable aussi bien pour le Parlement britannique que pour le Parlement européen", dit-il.
M. Juncker exprime dans cet entretien un regret: que la Commission ait "décidé de ne pas intervenir" en 2016, quand le Royaume-Uni organisa un référendum sur son appartenance à l’UE et près de 52 % des votants se prononcèrent en faveur d’une sortie.
M. Juncker évoque "une campagne de mensonges et fake news" avant ce référendum et ajoute: "à la Commission, nous avions décidé de ne pas intervenir, à la demande de David Cameron (Premier ministre du RU de 2010 à 2016, ndlr) et ça a été une grande erreur".
Interrogé sur "la crise en Catalogne", M. Juncker se refuse à "commenter les procédures judiciaires en cours en Espagne", où la Cour suprême doit rendre sa sentence à l’issue du procès des dirigeants indépendantistes jugés pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017.
Mais le dirigeant européen sur le départ ajoute sans ambages: "je ne suis pas favorable à un nationalisme stupide, parce que cela ne mène nulle part".
"Ce n’est pas un commentaire contre la Catalogne que je respecte comme elle est aujourd’hui", tempère-t-il aussitôt, les indépendantistes, de gauche et de droite, étant à la tête de la région du nord-est de l’Espagne aux 7,6 millions d’habitants.
"L’Europe est un petit continent qui est en train de perdre de l’importance économique et démographiquement", plaide M. Juncker, "ce n’est donc pas le moment des regroupements nationalistes mais plutôt d’unir les peuples".