Biden s’entoure de diplomates de l’ère Obama pour « réparer » la politique étrangère américaine
Le président élu Joe Biden a finalisé samedi la composition de son équipe diplomatique, qui comprendra beaucoup d’anciens de l’ère Obama, avec la volonté marquée de rompre avec l’unilatéralisme de Donald Trump et de « réparer » la politique étrangère américaine.
Le futur chef d’Etat avait déjà annoncé, fin novembre, avoir choisi un autre ancien de l’administration Obama, Antony Blinken, au poste crucial de secrétaire d’Etat.
La numéro deux de la diplomatie américaine sera Wendy Sherman (71 ans), déjà conseillère diplomatique sous Bill Clinton avant de devenir sous-secrétaire d’Etat aux Affaires politiques lors du second mandat de Barack Obama.
Future secrétaire d’Etat adjointe, Mme Sherman fut notamment la cheville ouvrière américaine de l’accord sur le nucléaire iranien et avait travaillé sur le dossier nord-coréen dans le gouvernement Clinton.
Joe Biden a signalé, à plusieurs reprises, son intention, une fois investi, de ramener les Etats-Unis dans l’accord sur le nucléaire iranien, dont Donald Trump est sorti en 2018 tout en rétablissant les sanctions américaines levées en 2015.
Mais le futur chef de l’Etat attend, dans le même temps, que Téhéran revienne à une application stricte des termes de l’accord, avec lequel l’Iran a récemment pris des libertés.
Autre désignation annoncée samedi, celle du secrétaire d’Etat adjoint à la gestion et aux ressources, sorte de responsable opérationnel de la diplomatie américaine.
Il s’agit de Brian McKeon, un proche de Joe Biden, qu’il a longtemps conseillé lorsque celui-ci était encore sénateur, avant d’occuper divers postes au sein du gouvernement durant les deux mandats de Barack Obama.
« L’Amérique est de retour »
Avec Antony Blinken, cette équipe aura pour mission de « réparer » la politique étrangère américaine, a indiqué, dans un communiqué, l’équipe de transition de Joe Biden et Kamala Harris, « mais aussi de la réimaginer ».
Comme il l’avait fait à l’annonce du nom d’Antony Blinken, le futur président veut ainsi clairement marquer la rupture avec la politique étrangère nationaliste et unilatéraliste de Donald Trump, pour renouer avec une ligne résolument multilatéraliste.
Les nouveaux visages de la diplomatie américaine « incarnent ma conviction profonde que l’Amérique est la plus forte quand elle collabore avec ses alliés », a expliqué Joe Biden, cité dans le communiqué.
Le futur président veut ainsi « restaurer le leadership moral et mondial » des Etats-Unis, appuyé sur ces alliés. « L’Amérique est de retour, prête à montrer la voie au monde et non à s’en retirer », a indiqué l’équipe Biden.
Sorti de l’accord sur le nucléaire iranien, de celui de Paris sur le climat, Donald Trump a également pris ses distances avec les Nations unies, l’Organisation mondiale de la santé, ainsi qu’avec l’Union européenne et ses membres les plus influents, durant son mandat.
Le président sortant s’est également appuyé sur des personnalités étrangères au monde de la diplomatie, tels ses deux secrétaires d’Etat successifs Rex Tillerson et Mike Pompeo, relais de son style plus rugueux à l’étranger.
Joe Biden signale lui un retour à la diplomatie de métier. Samedi, il a également choisi officiellement trois sous-secrétaires d’Etat, trois femmes qui ont toutes travaillé dans le gouvernement de Barack Obama.
La nomination de chacune de ces personnalités sera soumise à un vote du Sénat.
« Les Américains peuvent être assurés que ces patriotes promouvront les intérêts du pays et seront le reflet de ses plus nobles idéaux sur la scène internationale », a tweeté l’ancienne secrétaire d’Etat de Bill Clinton, Madeleine Albright, en réaction à ces annonces.
Prenant le contrepied des critiques qui lui reprochent déjà de ne s’entourer quasiment que d’anciens de l’ère Obama, le futur président a souligné que le département d’Etat serait, à sa tête, plus ouvert que jamais à la diversité.
« Nous ne pouvons pas aborder cette période avec des habitudes ou des raisonnements inchangés », a fait valoir l’équipe Biden. « Nous avons besoin de responsables aux profils variés, qui soient représentatifs de l’Amérique. »