Aux Etats-Unis, deux frères milliardaires empêchent les démocrates de dormir

Peu de choses agitent autant les démocrates, en cette année électorale aux Etats-Unis, que le nom de Koch: celui de deux frères milliardaires qui dépensent des dizaines de millions de dollars pour aider les républicains à reconquérir le Congrès.

Charles et David Koch dirigent le conglomérat industriel familial Koch Industries (chimie, énergie…), considéré comme le deuxième plus grand groupe américain non coté, selon Forbes. S’ils restent très discrets, ils ne cachent pas leur positionnement conservateur.

Les alliés démocrates de Barack Obama ne contrôlent depuis 2011 que la chambre haute du Congrès, le Sénat, que les républicains espèrent bien conquérir aux législatives de novembre –avec l’aide des généreux dons des frères Koch.

Aux Etats-Unis, le financement électoral a connu une dérèglementation importante depuis la fin des années 2000. Les dons directs aux candidats restent strictement plafonnés; mais de nouvelles structures sont apparues ("Super PAC", organisation à but non lucratif "501(c)4"…), qui permettent aux plus généreux donateurs de financer des dépenses électorales sans limite. Certaines structures assurent même l’anonymat complet des contributeurs.

On ignore le montant exact dépensé par Charles et David, mais les 17 organisations conservatrices liées plus ou moins directement aux frères Koch ont levé 407 millions de dollars lors de la campagne électorale 2012, a calculé le Washington Post en examinant des déclarations d’impôts. Une puissance de feu formidable.

Pour les démocrates, perdre le Sénat serait une catastrophe, car Barack Obama n’aurait plus aucun allié au pouvoir au Congrès, ruinant les deux dernières années de son mandat.

Pour les républicains, la reconquête passe par une dizaine d’Etats où les sénateurs sortants démocrates sont considérés comme fragiles. Ceux-ci sont déjà la cible de campagnes publicitaires intenses, notamment en Caroline du Nord, contre la sénatrice démocrate Kay Hagan.

– "Acheter notre démocratie" –

Un groupe financé par les frères Koch, Americans For Prosperity, y diffuse déjà des publicités contre Kay Hagan, ce qui profite à son adversaire républicain, Thom Tillis.

"Il est évident qu’ils essaient d’acheter un sénateur qu’ils pourront ensuite manipuler à Washington pour faire voter des lois qui leur conviennent", accuse la porte-parole de Kay Hagan, Sadie Weiner.

Dans les états-majors démocrates, on prend la menace Koch très au sérieux.

Les responsables démocrates estiment que les frères dépenseront quelque 30 millions de dollars cette année, une somme conséquente qui peut renverser le rapport de force dans certains Etats, où le nerf de la guerre reste la puissance publicitaire.

Les Koch essaient "d’acheter notre démocratie", a accusé le chef de la majorité sénatoriale, Harry Reid, qui cite à l’envi le nom de Koch depuis plusieurs semaines.

"Les Américains n’aiment pas entendre parler de deux frères multi-milliardaires qui ont autant d’impact sur les élections, et je pense que si on le dévoile (…) ce sera comme un antidote contre ce qu’ils disent", dit à l’AFP le numéro trois des démocrates du Sénat, Chuck Schumer.

Les républicains contre-attaquent en accusant les démocrates de vouloir détourner l’attention de la réforme du système de santé, "Obamacare", récemment entrée en vigueur de façon chaotique. "Obamacare, dans presque tous les Etats les plus disputés, est aussi impopulaire qu’un putois dans une garden-party", raille Ryan Williams, un consultant républicain.

Selon lui, "se plaindre que deux frères, dont la plupart des gens n’ont jamais entendu parler, dépensent de l’argent en publicités télévisées, ce n’est vraiment pas une stratégie gagnante".

Les frères Koch, eux, encaissent sans répliquer ou presque. Dans une très rare interview en février, au Wichita Business Journal, Charles Koch a justifié son investissement en politique par la nécessité de promouvoir les idéaux de libre entreprise, afin de libéraliser l’économie et lutter contre le favoritisme économique.

"Aucun autre grand groupe ne semble essayer de faire ça, alors autant que ce soit nous", a-t-il confié. "Il faut bien que quelqu’un s’efforce de sauvegarder ce pays et de préserver un système d’opportunités".

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