« Astérix et Obélix au service de sa Majesté »: la potion magique fait toujours son effet

Fatigués, Astérix et Obélix? Pas du tout. Ils sont plus vifs et plus drô les que jamais, la potion magique fait toujours son effet et le quatrième épisode de leurs aventures au cinéma, "Astérix et Obélix au service de sa Majesté" (ce mercredi 17 sur les écrans français) est peut-être le plus réussi de tous.

Après Claude Zidi ("Astérix et Obélix contre César", 1999), Alain Chabat ("Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre", 2002, jusqu’à présent le meilleur) et le duo Thomas Langmann-Frédéric Forestier ("Astérix aux Jeux olympiques", 2008, le moins bon des trois), c’est Laurent Tirard, le réalisateur du "Petit Nicolas", qui reprend le flambeau.

Gérard Depardieu est toujours Obélix, mais Astérix a un nouveau visage: après Christian Clavier (deux fois) et Clovis Cornillac, c’est Edouard Baer qui est chargé ici d’incarner la gouaille, la débrouillardise et la résistance gauloises à l’envahisseur. Et il campe un Astérix inédit, qui se pose des tas de questions existentielles.

Le film est tiré de deux albums dans lesquels les héros gaulois allaient voir au-delà des frontières de leur petit village: "Astérix chez les Bretons" et "Astérix et les Normands".

En 50 avant Jésus-Christ, Jules César (Fabrice Luchini) et ses légions décident d’envahir l’Angleterre, dont la reine, Cordelia (Catherine Deneuve), décide de ne pas se laisser faire. Elle envoie son plus fidèle lieutenant, Jolitorax (Guillaume Gallienne), chercher de l’aide, sur le continent, dans ce petit village gaulois connu pour sa résistance aux Romains et sa potion magique. Astérix et Obélix acceptent donc de lui confier un tonneau de potion magique et de le raccompagner chez lui, emmenant avec eux le jeune neveu du chef du village, Goudurix (Vincent Lacoste), une tête à claques fraîchement débarquée de Lutèce et dont il faut parfaire l’éducation.

Une fois sur l’île, les Gaulois vont découvrir un peuple aux drô les de coutumes, jouer à cache-cache avec les envahisseurs romains, et affronter aussi des mercenaires qui boivent dans le crâne de leurs ennemis et ne connaissent pas la peur: les Normands…

Avec un scénario assez élaboré, ce nouvel "Astérix" ne craint pas la comparaison avec les trois précédents. Mais c’est surtout l’humour, la qualité des dialogues et une certaine profondeur dans le comportement des personnages qui font du film une vraie réussite.

Pour la première fois, Astérix et Obélix se posent des questions sur leur amitié, qui n’est plus une façade. Depardieu fait d’Obélix un personnage plus touchant, plus susceptible que d’habitude, tandis qu’Edouard Baer oscille, pour Astérix, entre un intello frimeur et pince-sans-rire et un dragueur solitaire et pathétique (façon Michel Blanc dans "Les Bronzés").

Car, pour la première fois aussi, les femmes ont des seconds rô les importants: Catherine Deneuve en reine d’Angleterre, Charlotte Le Bon en fiancée de Jolitorax et Valérie Lemercier qui joue sa mère (et pour laquelle Obélix a le béguin). Il y a donc des idylles, des tentatives de séduction et des interrogations sur la vie de couple: Astérix et Obélix, "deux types qui vivent ensemble avec un chien?", souligne l’effronté Goudurix.

Ce dernier personnage, interprété par Vincent Lacoste (rendu célèbre par "Les beaux gosses" il y a trois ans) et pratiquement créé pour l’occasion (il a une toute petite place dans la BD), est l’un des plus drô les du film, dans lequel Dany Boon, en barbare normand pas très méchant, fait aussi une apparition savoureuse.

Le scénario baigne dans un anachronisme permanent et qui faisait déjà le charme des BD, la société actuelle étant évoquée dans le cadre gallo-romain: sans-papiers, jeunesse parisienne, vie londonienne, reine d’Angleterre, audit des dépenses romaines, homosexualité, immigration, rugby, psychanalyse, etc… C’est donc parodie à tous les étages dans cet "Astérix" à l’humour parfois très fin, comme ce clin d’oeil à "Star Wars" dans un dialogue entre César et Astérix, ou cette évocation d’"Orange mécanique" dans une scène avec Dany Boon.

Dialogues ciselés, rires assurés, mais aussi scènes d’action: le scénario réserve un peu de suspense et la 3D de la réalisation fait notamment des prises de potion magique des moments surprenants, avec des trucages innovants sans être trop lourds.

Bref, on est partant pour un numéro cinq, ce que n’exclut pas Anne Goscinny, la fille du scénariste René Goscinny décédé en 1977: "tant que des producteurs, des scénaristes et des acteurs en auront envie, il faudra continuer. S’ils ne transgressent pas l’oeuvre pour le seul plaisir de la transgression mais qu’ils se l’approprient pour en faire un film de qualité égale à l’oeuvre originale, alors oui, il y en aura d’autres!".

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