Après le débat, la présidentielle française toujours parasitée par les affaires

Après un premier débat historique, la campagne présidentielle française a été de nouveau éclipsée par les affaires avec l’élargissement de l’enquête visant le candidat de droite François Fillon et la démission du ministre socialiste de l’Intérieur Bruno Le Roux.

M. Le Roux a quitté le gouvernement mardi, au lendemain de révélations sur des emplois parlementaires octroyés à ses filles, dont les premiers alors qu’elles n’avaient que 15-16 ans.

A un mois du premier tour de la présidentielle, une nouvelle annonce judiciaire est venue obscurcir l’horizon du candidat François Fillon, poursuivi depuis deux mois par plusieurs affaires de détournement de fonds publics présumé.

Mardi, une source judiciaire a annoncé que la justice avait élargi le 16 mars son enquête le visant à des soupçons d’"escroquerie aggravée, faux et usage de faux".

Selon le quotidien Le Monde, la justice se demande si "les époux Fillon ont pu produire des faux pour justifier a posteriori les salaires" versés à Penelope.

"Après les affaires, les affaires continuent", écrit Le quotidien l’Est républicain. "La vie publique française devrait bannir les emplois de proches, forcément suspects de complaisance. C’est la seule façon de dissiper le parfum de corruption qui pèse sur la classe politique", écrit Philippe Marcacci dans son éditorial.

Vainqueur surprise de la primaire de la droite, ancien favori des sondages, François Fillon a vu sa candidature vaciller après des révélations fin janvier sur les emplois fictifs présumés accordés à son épouse Penelope et deux de ses enfants.

Ces révélations ont abouti à son inculpation la semaine dernière pour "détournements de fonds publics", une première pour un candidat majeur à l’élection présidentielle en France.

"Il n’y a pas le moindre faux dans ce dossier", a contesté mardi auprès de l’AFP l’avocat de Mme Fillon, Pierre Cornut-Gentille, en dénonçant une violation du secret de l’instruction.

Les démêlés de M. Fillon, mais aussi de la candidate de l’extrême droite Marine Le Pen, visée par des affaires d’emplois fictifs au Parlement européen et de financement illégal de campagne, donnent une tonalité particulière à la campagne présidentielle française.

Le journal Libération, classé à gauche, salue "la réaction du pouvoir hollandais" qui "contraste du tout au tout avec celui des dirigeants de la droite et de l’extrême droite: le ministre de l’Intérieur a perdu son poste en 24 heures, Marine Le Pen et François Fillon continuent à faire campagne comme si de rien n’était, jouant l’électorat contre l’éthique et la justice".

Pourtant, l’appétence des Français pour un débat de fond est tangible: ils ont été près de dix millions lundi soir à suivre un débat télévisé entre les cinq principaux candidats, un marathon de 3H30, inédit avant un premier tour en France.

Et les candidats ont encore fort à faire pour marquer des points et tenter de convaincre les nombreux indécis et sceptiques, à un mois du premier tour (23 avril) pour lequel Marine Le Pen est donnée en tête, au coude à coude avec le centriste Emmanuel Macron.

Environ 40% des Français ignorent encore pour qui voter au premier tour, un niveau record pour ce scrutin majeur.

Centré cette fois sur les programmes, le débat a vu quelques passes d’armes, notamment entre Mme Le Pen et M. Macron, très attendus pour cette première grande confrontation publique à d’autres candidats.

Les affaires ont été à peine évoquées. M. Fillon n’a pas été interrogé sur le sujet, pas plus que Marine Le Pen.

"Jour après jour, j’ai résisté aux attaques et, depuis lundi soir, nous voilà enfin dans la vraie confrontation des projets, il est temps!", a lancé mardi François Fillon lors d’un meeting en banlieue parisienne.

Pourtant le sujet est revenu en force dès mardi matin avec des accusations de népotisme visant le ministre socialiste de l’Intérieur, Bruno Le Roux.

Ce proche du président François Hollande a lui aussi salarié ses deux filles adolescentes en tant que collaboratrices parlementaires.

Il a annoncé sa démission mardi soir, après l’annonce par le parquet national financier, à l’origine des enquêtes concernant M. Fillon et Mme Le Pen, de l’ouverture d’une enquête préliminaire sur cette affaire.

M. le Roux a été remplacé par le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur Mathias Fekl à ce poste stratégique dans un pays qui vit sous une menace terroriste élevée et sous le régime civil de l’état d’urgence.

A un mois de la présidentielle, l’organisation du scrutin revient donc à M. Fekl, soutien du candidat socialiste Benoît Hamon, qui par conséquent quitte son équipe de campagne.

afp

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