Allemagne: le SPD élit de nouveaux chefs, la coalition Merkel en suspens

Rester ou pas au sein de la fragile coalition d’Angela Merkel? Cette question est au coeur de l’élection, samedi, de nouveaux chefs du parti social-démocrate allemand, dont le résultat reste indécis.

Déclenchée par le départ de la précédente dirigeante, Andrea Nahles, après des élections européennes catastrophiques, l’élection à la présidence du SPD est particulière à plus d’un titre.

Pour la première fois dans l’histoire de ce parti, créé sous ce nom en 1890, c’est un tandem homme-femme qui sera porté à sa tête, sur le modèle de ce que pratiquent les Verts de longue date.

Autre nouveauté: le vote n’est plus réservé au millier de délégués du parti mais ouvert à ses 426.630 militants, qui peuvent voter jusqu’à vendredi en ligne ou par courier.

Le résultat sera annoncé samedi, avant un congrès d’investiture du 6 au 8 décembre à Berlin.

– Automate –
Cette élection n’a toutefois pas à ce stade généré d’enthousiasme particulier au sein d’un parti distancé dans les sondages par la droite conservatrice et les écologistes, et au coude à coude avec l’AfD (extrême droite).

Seuls 53% des militants avaient ainsi voté au premier tour en octobre.

Après un premier round qui n’a pas permis de dégager de majorité absolue en faveur d’un des six tandems en lice, le second tour oppose le duo Olaf Scholz/Klara Geywitz (22,7% au 1er tour) à Norbert Walter-Borjans/Saskia Esken (21%).

Une victoire du premier tandem serait un soulagement pour la chancelière qui compte bien aller au terme de son mandat à l’automnne 2021, avant de se retirer de la politique.

Vice-chancelier et ministre des Finances, M. Scholz, 61 ans, plaide en effet, avec sa colistière, une élue de terrain d’ex-RDA, pour un maintien du SPD dans la coalition, formée dans la douleur en 2018.

Dépourvu de charisme, surnommé "Scholzomat" pour sa propension à aligner des éléments de langage comme un automate, il a l’entière confiance de Mme Merkel.

Si l’autre tandem l’emporte, la partie s’annoncera beaucoup plus compliquée pour la dirigeante allemande, au pouvoir depuis 14 ans. Sans se prononcer clairement pour une sortie, Mme Esken et M. Walter-Borjans se montrent très critiques à l’égard de la "Groko", la coalition au pouvoir en Allemagne.

Le maintien ou pas au sein de cette coalition devrait être soumis au vote au congrès de Berlin.

Malgré des mesures récentes en faveur d’une pension de retraite de base, les deux challengers critiquent la politique du "zéro endettement", à laquelle M. Scholz reste attaché, ou la timidité de l’actuel gouvernement en matière environnemental.

Le duo est d’ailleurs soutenu par les très remuants Jeunes socialistes (Jusos) ainsi que par la branche allemande de Fridays for future, le mouvement pro-climat initié par la Suédoise Greta Thunberg, très suivi en Allemagne.

– "Mal en point" –

Mais si Olaf Scholz, ancien proche de Gerhard Schröder avant de diriger la ville de Hambourg, n’incarne "pas le renouveau", selon les Jeunes socialistes, ses rivaux souffrent d’un déficit de notoriété.

Quel que soit le résultat de cette élection incertaine, les problèmes du SPD ne seront pas pour autant réglés, tant le parti est "mal en point", selon les termes d’un éditorial au vitriol de l’hebdomadaire Der Spiegel.

Le SPD actuel "n’offre aucune orientation politique à long terme sur la manière dont il veut façonner la société de demain (…) sur ce à quoi ressemblera le monde du travail", décrypte Gero Neugebauer, chercheur à l’Université libre de Berlin.

Coupé de ses "racines sociales", le parti apparaît "trop rarement comme une alternative" à la CDU de Mme Merkel, explique ce chercheur à l’AFP.

"Le SPD ne peut se régénérer que dans l’opposition et avec de nouvelles personnalités", abonde auprès de l’AFP un autre politologue Klaus Schröder, qui prédit une coalition entre conservateurs et écologistes en 2021.

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