Algérie : les autorités « serrent la vis » contre la contestation, dénonce HRW

Arrestations, dispositif policier dissuasif, restrictions des libertés de réunion et d’expression: les autorités algériennes "serrent la vis" contre le mouvement de contestation du régime dont l’Algérie est le théâtre depuis le 22 février, dénonce lundi Human Rights Watch (HRW).

"Les autorités ont arrêté des gens qui ne faisaient que brandir un drapeau ou une pancarte. Elles ont emprisonné un ancien combattant de la Guerre d’indépendance parce qu’il avait critiqué l’armée, empêché des réunions de partis politiques et d’associations, et bloqué un site d’informations de premier plan", énumère l’organisation de défense des droits humains dans un communiqué reçu à Alger.

Chaque vendredi, jour de grande manifestation depuis bientôt 30 semaines, un dispositif policier massif, dans les rues du centre d’Alger et des barrages dressés sur les routes menant à la capitale, limitent le nombre de ceux à même de rejoindre le cortège, poursuit HRW.

"Les autorités ont initialement toléré les manifestations rassemblant des millions de personnes réclamant des réformes politiques" mais "serrent désormais la vis", estime Lama Fakih, sa directrice régionale Moyen-Orient/Afrique du Nord par intérim.

Une quarantaine de manifestants arrêtés depuis juin sont en détention provisoire et inculpés "d’atteinte à l’intégrité du territoire", un crime passible de 10 ans de prison, pour avoir brandi le drapeau amazigh (berbère).

"Brandir un drapeau d’une communauté ethnique est un acte d’expression pacifique protégé par" des conventions internationales ratifiées par l’Algérie, rappelle HRW.

Le 27 août, les autorités ont interdit deux réunions d’organisations en pointe dans le mouvement de contestation: celle du Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), une association citoyenne, et celle des Forces de l’Alternative démocratique, coalition de trois partis.

En août, un membre de HRW, Ahmed Benchemsi, qui observait une manifestation, a également été arrêté, détenu une dizaine d’heures et privé de passeport durant 10 jours, avant d’être expulsé, sans qu’aucune charge ne lui soit notifiée, rappelle l’ONG.

Plusieurs journalistes étrangers ont aussi été expulsés depuis avril, dont le directeur du bureau de l’AFP à Alger, des envoyés spéciaux de l’agence Reuters et de la chaîne turque TRT, tandis que le site d’information TSA (Tout sur l’Algérie) est inaccessible dans le pays depuis juin.

"Les autorités violent les droits et intensifient la répression", s’insurge Mme Fakih. Elles "devraient faire marche arrière et octroyer au peuple algérien les libertés d’expression et de réunion auxquelles ils ont droit".

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