Algérie: 18 manifestants écroués après avoir manifesté avec un drapeau berbère

Dix-huit manifestants algériens ont été écroués dimanche pour "atteinte à l’unité nationale", deux jours après avoir été interpellés en possession d’un drapeau berbère lors d’un rassemblement contre le régime, où seul les drapeaux algériens sont désormais autorisés, ont indiqué leurs avocats.

Treize manifestants ont été incarcérés après avoir été entendus par un juge d’instruction du tribunal de Sidi Mhamed, dans le centre d’Alger, a indiqué à l’AFP l’avocat et défenseur des droits humains Me Noureddine Benissad.

Cinq autres manifestants ont été incarcérés après leur audition par un juge d’instruction du tribunal de Bab El Oued, quartier populaire d’Alger, selon un de leurs avocats, Me Karim Heddar.

Tous sont poursuivis pour "atteinte à l’unité nationale", ont précisé les deux avocats, un délit pour lequel ils encourent dix ans d’emprisonnement.

Ces poursuites "n’ont aucun fondement légal", a dénoncé Me Benissad.

D’après la télévision officielle, un juge d’instruction du tribunal de Béjaïa (nord) a ordonné le placement en détention préventive d’un autre manifestant poursuivi pour "avoir déchiré le drapeau algérien".

Les 18 protestataires écroués avaient été interpellés vendredi lorsque "les forces de police saisissaient les emblèmes en possession des manifestants autres que le drapeau national", selon la télévision officielle.

Des dizaines de personnes se sont rassemblées devant le tribunal de Sidi Mhamed durant l’audition des manifestants, aux cris de "Y’en a marre de ce pouvoir, y’en a marre des généraux", a constaté un journaliste de l’AFP.

"Le seul tort de ces manifestants est d’avoir brandi l’emblème de l’identité amazighe", a fustigé Said Ouhams, venu protester devant le tribunal.

Malgré les avertissements du chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, qui avait prévenu que seules les couleurs nationales seraient désormais autorisées dans les cortèges, de très nombreux drapeaux berbères sont apparus vendredi lors des manifestations à Alger, à côté des drapeaux algériens.

Homme fort du pays depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika le 2 avril, le général Gaïd Salah avait averti mercredi que les forces de l’ordre avaient reçu des consignes afin de s’assurer qu’aucun autre drapeau que "l’emblème national" ne serait brandi dans les manifestations.

Même s’il ne l’a pas cité nommément, les Algériens ont compris qu’il visait le drapeau de la minorité berbère, dont les revendications identitaires, longtemps ignorées voire réprimées par les autorités, est un sujet extrêmement sensible en Algérie.

Après avoir obtenu le départ de M. Bouteflika, les manifestants réclament désormais celui de tous ses anciens fidèles encore aux commandes, et refusent que soit mise en avant toute autre revendication, notamment identitaire.

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