Tunisie: nouveau report du verdict dans le procès du doyen d’une faculté

Le verdict dans le procès du doyen d’une faculté tunisienne accusé d’avoir agressé une étudiante islamiste en niqab a été repoussé jeudi au 4 avril, énième report d’une affaire symbole du bras de fer entre les camps islamistes et laïques en Tunisie.

La décision a été annoncée dans un communiqué affiché au tribunal de première instance de la Manouba, devant lequel des centaines de personnes s’étaient rassemblées pour soutenir la cause de Habib Kazdaghli, doyen de la faculté des lettres, des arts et des humanités de la Manouba (banlieue de Tunis).

Le report a été motivé cette fois par une grève du tribunal de la Manouba, à l’appel du syndicat des magistrats réclamant la création d’une instance professionnelle totalement indépendante du pouvoir exécutif.

"Je suis solidaire avec les magistrats en grève pour leur indépendance, c’est la preuve qu’ils souffrent, eux aussi, de l’ingérence des pouvoirs politiques" a déclaré M. Kazdaghli à l’AFP.

Le doyen, dont le procès a été reporté à plusieurs reprises depuis juillet dernier, risque jusqu’à cinq ans de prison pour "acte de violence commis par un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions", selon ses avocats.

Les faits remontent au mois de mars 2012, lorsque deux étudiantes portant le voile intégral ont mis à sac son bureau. L’une d’elles, qui avait été exclue de la faculté pour avoir porté le niqab en salle de cours, accuse l’universitaire de l’avoir giflée.

M. Kazdaghli a dénoncé une "affaire montée de toute pièce" et porté plainte contre les deux jeunes filles, poursuivies dans le même procès pour avoir mis à sac son bureau à la faculté.

"Nous rejetons les pressions, qu’elles viennent des religieux ou des pouvoirs politiques", a-t-il indiqué, en référence au bras de fer opposant depuis novembre 2011 la direction de sa faculté aux salafistes revendiquant le port du niqab pour les filles.

Cette affaire a mobilisé des centaines de personnes parmi les participants du Forum social Mondial (FSM) qui se tient actuellement à Tunis.

"Le partage des valeurs de liberté est au coeur du forum", a lancé M. Kazdaghli, entouré de sympathisants de plusieurs nationalités, notamment des Européens.

"Nous sommes venus pour défendre la justice, les libertés et la séparation nécessaire entre la religion et l’Etat", a expliqué Stéphanie Gosek, venue de Belgique.

Le procès de M. Kazdaghli est dénoncé par le corps enseignant, la société civile et l’opposition de gauche qui accusent le gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahda de vouloir islamiser la société tunisienne.

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