"Nous avançons rapidement vers des élections", a-t-il dit lors d’une rencontre dans son palais avec des élus locaux, retransmise à la télévision. Il a affirmé que la Turquie serait inévitablement appelée à consulter "la volonté du peuple" pour sortir de l’impasse politique.
Le chef de l’Etat s’exprimait après que le Premier ministre Ahmet Davutoglu lui eut remis mardi son mandat faute d’avoir pu former un gouvernement de coalition.
Lors des élections du 7 juin, le Parti de la Justice et du Développement (AKP, islamo-conservateur) de M. Erdogan qui dirige la Turquie sans partage depuis 2002 a perdu sa majorité et se trouve contraint de se chercher un partenaire pour gouverner. Mais les négociations avec l’opposition ont échoué.
"Il existe en Turquie un problème pour former un gouvernement", a constaté l’homme fort de Turquie qui a laissé entendre qu’il ne demanderait pas au chef de la principale force d’opposition social-démocrate, Kemal Kiliçdaroglu, de former un gouvernement, ainsi que le prévoit la Constitution.
"Je n’ai pas de temps à perdre avec ceux qui ne connaissent pas même l’adresse de Bestepe", le quartier d’Ankara où est situé son somptueux palais, boudé par l’opposition qui l’accuse d’autoritarisme et d’affairisme, a-t-il dit.
Faute de gouvernement avant la date-butoir du 23 août, M. Erdogan devra dissoudre le Parlement et convoquer de nouvelles élections, en automne.
Dansq ce contexte de crise politique, la Turquie a déclenché le mois dernier une campagne militaire contre les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le groupe de l’Etat islamique (EI).
L’opposition et les détracteurs d’Erdogan le soupçonnent de jouer sur la peur et l’instabilité croissantes pour faire répéter le scrutin des législatives, dans l’espoir que l’AKP retrouve sa majorité gouvernementale.
Depuis les attaques du PKK et les représailles musclées de l’armée, c’est-à-dire près d’un mois qui ont mis fin à une trêve de près de trois ans, M. Erdogan utilise une rhétorique très nationaliste.
Mercredi encore le leader turc a flatté le sentiment nationaliste. "La Turquie n’oubliera jamais le sacrifice de nos martyrs", les dizaines de soldats et policiers tués dans les accrochages avec la guérilla kurde depuis la fin du mois de juillet, a-t-il ajouté.