Quelques enjeux des prochaines législatives marocaines
Ceux qui suivent le grand test électoral que le Maroc s’apprête à vivre ce 7 octobre ont une interrogation pertinente en tête. Qui du PAM ou du PJD va emporter le match ? Il y a des observateurs qui parient sur le fait que le PJD, malgré tous les scandales de mœurs, de sexe et de corruption, peut conserver un électorat solide. Certains n’hésitent pas en revanche à pointer le fait qu’il ne puisse s’agir là que d’impressions pré-électorales.
Par Hasna Daoudi
En quelques années, le PAM est devenu le grand rival et la bête noire du PJD et des islamistes. Leurs joutes verbales sur un certain nombre de terrains, notamment l’économie et la moralisation de la vie publique, la gestion des collectivités locales, sont rudes, voire violentes. Le PAM aspire à incarner, à personnifier le côté moderne de la société marocaine. D’ailleurs, il est le seul parti à vouloir absolument installer la parité homme-femme. Il ambitionne même de faire entrer au parlement 30 femmes, ce qui serait un pas politique inédit au Maroc. Le parti peut être plein de surprises. Il peut mobiliser parce que son discours modernisateur teinté de lutte contre le conservatisme et l’obscurantisme peut séduire de larges franges de la société marocaine.
Loin d’être d’un phénomène handicapant la vie politique, cette concurrence parfois électrique peut s’avérer saine, sensée et susceptible de dynamiser les énergies et d’intensifier la compétition, ce qui est l’essence-même du jeu électoral démocratique.
Par ailleurs il est vrai que les observateurs et les commentateurs politiques ont beaucoup focalisé leur attention sur ce combat de coqs entre le PJD et le PAM et oublient souvent qu’il y a d’autres partis pouvant créer la surprise. Alors, bien sûr il y a le parti de Nabila Mounib, la Fédération de la gauche démocratique qui apporte un air nouveau. Il y a aussi des partis historiques qu’on a un peu trop vite enterrés, par exemple, le Parti de l’Istiqlal, dirigé par le fantasque Hamid Chabat, parce qu’il peut réaliser des performances inédites. Cela vaut aussi pour un parti comme l’Union socialiste des forces populaires, dirigé par Driss Lachgar.
Quoi qu’il en soit, le résultat final dépendra aussi de la formation et de la structure du futur gouvernement. Il existe une conviction politique majeure, à savoir qu’aucun parti ne peut avoir la majorité absolue. La logique d’une coalition gouvernementale devient une recette incontournable pour former un gouvernement. Et un parti, quel que soit l’ampleur de ses résultats, aura besoin d’appoint pour former des coalitions.
Ces élections marocaines ont en tout cas permis de faire un constat : au Maroc les acteurs se trouvent face un échiquier politique marocain un peu surprenant marqué par une alliance des islamistes avec les communistes du PPS. Face à eux, le PAM et ses alliés, censés incarner un vent de modernité et un frein à une islamisation rampante de la société marocaine.
Pour tout observateur, il y a une forme de difficulté à pouvoir lire, déchiffrer et anticiper les résultats. En tout cas, on n’est pas à l’abri d’une grande surprise pour le scrutin du 7 octobre. Et quelle que soit la surprise, cela ne fera que refléter que la machine démocratique marocaine est en marche.