Mais la défaite est moins problématique pour la démocrate Hillary Clinton que pour l’homme d’affaires républicain Donald Trump, freiné dans sa quête de la majorité absolue de 1.237 délégués dont il aura besoin pour décrocher l’investiture avant la convention nationale de Cleveland, en juillet.
Si Donald Trump ne réussit pas à accumuler ce "nombre magique" d’ici la dernière primaire en juin, l’investiture reviendra à un vote imprévisible des délégués, qui seront libres de voter selon leur préférence personnelle.
Toute la stratégie du sénateur du Texas Ted Cruz consiste à forcer cette convention "ouverte", où il compterait alors sur les voix des anti-Trump pour être intronisé. Les nouvelles controverses suscitées la semaine dernière par l’homme d’affaires sur l’avortement, l’économie ou l’arme nucléaire ont donné une lueur d’espoir à ce camp.
Ted Cruz, héros ultra-conservateur du Tea Party, a largement battu Donald Trump mardi, avec quelque 52% des voix contre 31%, selon des résultats partiels. Le gouverneur de l’Ohio, John Kasich, seul autre républicain encore en lice, est loin derrière avec 14%. Les républicains donnant une prime au vainqueur, Ted Cruz pourrait remporter le gros des 42 délégués du Wisconsin.
"Que Dieu bénisse le grand Etat du Wisconsin!" a-t-il déclaré devant ses partisans à Milwaukee, accompagné de son épouse, Heidi, et du gouverneur du Wisconsin, Scott Walker.
"Cette soirée est un tournant", a-t-il affirmé en rappelant ses victoires dans quelques autres Etats en mars dont l’Utah. Il a aussi détaillé la façon dont ses partisans avaient réussi à se faire désigner comme délégués dans des Etats qui n’organisent pas de primaires (Wyoming, Colorado, Dakota du Nord…).
"Soit avant Cleveland, soit à la convention de Cleveland, nous obtiendrons une majorité des délégués et nous battrons Hillary Clinton en novembre", a-t-il lancé.
Mais son retard en nombre de délégués est quasi-insurmontable: il en a environ 500 contre 740 pour Donald Trump.
Au niveau national, Donald Trump reste le plus populaire des républicains, et il est le grand favori dans l’Etat de New York, où les primaires auront lieu le 19 avril. Celles du 26 avril dans cinq Etats, dont la Pennsylvanie, se présentent aussi bien pour lui.
– Victoire de Bernie Sanders –
Chez les démocrates, le sénateur du Vermont Bernie Sanders a facilement battu Hillary Clinton, dont c’est la sixième défaite en sept consultations depuis deux semaines. L’électorat démocrate était plus blanc que dans ses bastions du Sud, où la minorité noire lui avait permis d’engranger de très larges victoires.
Bernie Sanders a capitalisé sur cette excellente séquence en déclarant que "la dynamique" était de son côté. Il a cité des sondages montrant qu’il battrait Donald Trump plus largement qu’Hillary Clinton dans un duel à la présidentielle de novembre.
"La dynamique, c’est d’avoir commencé cette campagne il y a 11 mois, alors que les médias nous qualifiaient de marginaux", a déclaré Bernie Sanders à Laramie, dans le Wyoming, où des petits "caucus" démocrates (réunions d’électeurs) auront lieu samedi.
Selon des résultats partiels, il obtiendrait quelque 53% des voix contre 46% dans le Wisconsin. Les 86 délégués démocrates seront répartis à la proportionnelle, ce qui atténue l’impact de la défaite pour Hillary Clinton.
Bernie Sanders a encore une fois raflé les voix des jeunes: 81% des 18-29 ans ont voté pour lui, selon les sondages de sorties d’urnes.
Ces résultats confirment la tendance des sondages réalisés ces derniers jours.
Hillary Clinton avait de fait concédé la défaite il y a plusieurs jours en décidant de concentrer sa présence à New York, dont elle fut sénatrice de 2001 à 2009.
Elle disposait avant mardi de 1.742 délégués contre 1.051 pour Bernie Sanders, sans compter près de 500 "super délégués" qui l’ont assurée de leur soutien à la convention de Philadelphie. La majorité requise pour être investi est de 2.383.
L’entourage de la candidate martèle depuis des semaines que son avance est insurmontable, Bernie Sanders devant gagner les prochaines primaires avec d’immenses majorités pour inverser la tendance.
Mais Bernie Sanders a la campagne la mieux financée. En mars, il a levé 44 millions de dollars contre 29,5 millions pour Hillary Clinton, la quasi-totalité sur internet.