A Paris, la manifestation a rassemblé place de la République dans une atmosphère festive nombre de familles venues avec des enfants en poussette ou sur les épaules de leurs parents, des jeunes drapés dans de grands drapeaux algériens, sur fond de musique traditionnelle, de slogans scandés à tue-tête et de youyous. La Préfecture de police a dénombré 6.500 manifestants.
Les volutes de fumée des nombreux stands de brochettes et de merguez ont envahi la place.
Transpirant sous un franc soleil, Amara Benamara, chauffeur de taxi de 49 ans, brandit un panneau de bois où il a compilé des photos de rassemblements en Algérie et en France de ces dernières semaines, pour rendre hommage à "toute cette créativité et cette solidarité".
"On a retrouvé la fierté d’être algérien", confie-t-il à l’AFP. "Je suis là tous les dimanche, pour la liberté, la démocratie et la justice et pour que les Algériens puissent vivre dignement chez eux", sans avoir à chercher un avenir meilleur en dehors de leur pays.
"A cause de cette situation bloquée, de cette société saturée, beaucoup d’Algériens vivent entre deux pays, alors que tout est à construire en Algérie", relève M. Benamara, qui se dit "plein d’espoir" que le mouvement de contestation conduise à une "Algérie meilleure et démocratique".
A ses côtés, l’un de ses amis, Youssef, 47 ans, polo blanc et cheveux grisonnants, estime que "le régime a été trop loin dans l’humiliation". "On a avalé assez de couleuvres, maintenant, on est unis; les gens savent qu’il ne faut pas lâcher l’affaire, sinon ce sera pire", relève Youssef, qui se félicite de "cette réappropriation de la politique par les Algériens".
Les manifestants portaient des pancartes proclamant "Un peuple uni ne sera jamais vaincu", "Bouteflika: inapte à jouer à cache-cache", "Oui pour une Algérie unie avec des jeunes de génie et des idées de prodige".
Karima Merzougui, 43 ans, agente commerciale, explique à l’AFP avec un grand sourire qu’elle manifeste depuis plusieurs dimanche, "avec ses enfants et des amis". "On est là pour soutenir la parole du peuple algérien; on fait ça pour que notre pays aille mieux et qu’on puisse un jour avoir un avenir là-bas", avant de crier fort: "dégage le système!".
A Marseille (sud-est), quelque 200 personnes ont également manifesté pour exiger un changement de régime en Algérie, brandissant des pancartes "Bouteflika dégage" et réclamant le départ du consul algérien à Marseille, a constaté un photographe de l’AFP.
760.000 immigrés algériens vivent en France, selon l’Institut national français de la statistique (Insee). Ils sont 1,7 million si on y ajoute leurs enfants nés en France.
Mardi, le général Gaïd Salah, chef de l’état-major de l’armée et personnage-clé du pouvoir algérien, a proposé la mise en oeuvre de mécanismes constitutionnels pour écarter le président Abdelaziz Bouteflika du pouvoir, dernière tentative en date du régime d’apaiser la contestation qui ne faiblit pas.