Libye : les camps pour les réfugiés ne sont pas une bonne solution, selon l’Allemagne
L’Allemagne ne va pas soutenir un projet qui vise à établir des camps en Libye pour y accueillir les migrants voulant se rendre en Europe, a déclaré mardi au siège de l’Union africaine le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel.
Au cours d’une conférence de presse aux côtés du président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, M. Gabriel a estimé que les migrants vivaient dans des "conditions épouvantables" dans les camps en Libye et qu’en construire d’autres n’était en aucun cas une solution.
"Je suis en mesure de dire que cela ne correspond pas à la vision politique de l’Allemagne ou de l’Union européenne. Ce que nous essayons plutôt de faire est de stabiliser les pays du continent", a-t-il ajouté, s’exprimant du siège de l’UA dans la capitale éthiopienne Addis Abeba.
Ancien ministre tchadien des Affaires étrangères, Moussa Faki Mahamat a partagé mardi le point de vue de M. Gabriel, soulignant que dans les "immenses territoires" du Sahara et du Sahel, "il est très difficile de mettre en place des camps pour contenir cet afflux d’êtres humains", "cela n’a jamais vraiment été une bonne solution".
L’accord conclu en février entre l’Italie et la Libye était destiné à limiter les départs de migrants clandestins en prévoyant notamment la création de camps d’hébergement et de les inciter à retourner dans leurs pays lorsqu’ils ne peuvent prétendre au statut de réfugié.
Il a cependant été suspendu le 22 mars par la cour d’appel de Tripoli.
Au total, près de 550.000 migrants sont arrivés en Italie entre 2013 et 2016, et 37.000 depuis le début de l’année. Plus de 4.500 migrants sont morts ou ont disparu en 2016 en tentant de traverser la Méditerranée et un millier depuis début 2017.
Réunis en sommet à Malte en février, les dirigeants de l’Union européenne ont approuvé une nouvelle stratégie destinée à "briser le modèle économique" des passeurs en Libye qui ont déjà fait transiter des centaines de milliers de migrants vers l’Italie au cours des trois dernières années.
Les Européens ont affirmé souhaiter renforcer le rôle des garde-côtes libyens dans l’interception des bateaux transportant ces migrants avant qu’ils n’entrent dans les eaux internationales, aider les voisins de la Libye à fermer les accès à ce pays et inciter ces migrants à retourner d’où ils viennent, au moins en ce qui concerne les migrants économiques ne pouvant prétendre au statut de réfugié.
Avec AFP