Lycées en France : la mobilisation se poursuit au lendemain d’interpellations qui choquent
Les images de l’interpellation jeudi de plus de 150 lycéens à Mante-la-Jolie suscitent l’indignation, alors que la mobilisation des jeunes se poursuit vendredi, toujours avec des incidents, dans le sillage du mouvement des « gilets jaunes ».
Au total, 151 personnes ont été interpellées devant un lycée après des heurts et dégradations dans cette commune des Yvelines. Ils sont soupçonnés de "participation à un attroupement armé", a détaillé le commissaire Arnaud Verhille.
En première ligne, le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, a reconnu vendredi sur France Inter avoir été "choqué". Mais "nous sommes dans un climat de violence exceptionnelle", a-t-il rappelé, demandant qu’on "remette les choses dans leur contexte".
Après la diffusion des images sur les réseaux sociaux, la gauche crie au scandale: "Quels que soient les faits reprochés, rien ne justifie cette humiliation de mineurs filmée et commentée", a réagi le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure dans un tweet.
Le député La France insoumise Eric Coquerel a appelé le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner à "condamner et punir les actes indignes de certains policiers présents à Mantes-la-Jolie".
"Que penser d’un pouvoir qui traite ainsi sa jeunesse ? Qu’il ne tient que par la force des matraques. Qu’il n a plus d’avenir. Qu’il est à l’agonie", a aussi commenté le député LFI François Ruffin.
"Glaçant, inadmissible", a résumé Benoît Hamon, fondateur du mouvement Générations. "Cela n’est pas la République. La jeunesse française humiliée. Mais que cherche le pouvoir sinon la colère en retour ?"
Laurent Saint-Martin, vice-président LREM de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, a également jugé "choquantes" les images et assuré que "si effectivement il y a eu faute, nous serons les premiers à les condamner".
L’avocat Jean-Pierre Mignard a annoncé dans un tweet son intention de saisir "l’IGPN (la police des polices) et le Défenseur des droits" face à cette "scène de guerre".
"Extraordinaire tension"
Les lycéens appellent notamment à l’abandon des réformes du bac, de la voie professionnelle ou de l’accès à l’université.
La mobilisation, qui a trouvé un écho chez des jeunes dans la foulée du mouvement des "gilets jaunes", a conduit au blocage de 200 à 300 lycées par jour depuis le début de la semaine. Il semble s’être quelque peu durci avec le signalement de plus en plus d’incidents et heurts avec les forces de l’ordre.
"Cette violence, avec une mobilisation exceptionnelle des forces de l’ordre, est totalement inhabituelle, il y a une escalade des tensions", a réagi auprès de l’AFP Louis Boyard, à la tête du mouvement lycéen UNL, après l’annonce des interpellations de Mantes-la-Jolie. "On avait de la colère, mais là on va avoir la rage".
Sur la seule journée de jeudi, 80 établissements ont été bloqués et "autour de 300 ont connu des incidents", a dit Jean-Michel Blanquer, appelant "au calme". Plus de 700 personnes ont été interpellées.
Vendredi matin en Seine-Saint-Denis, une trentaine d’établissements sont touchés par la mobilisation, selon la préfecture, avec 4 véhicules brûlés, des feux de poubelle et 13 interpellations.
Tensions également en Essonne, où à Sainte-Geneviève-des-Bois, il y a eu des feux de poubelles, deux voitures brûlées et des jets de projectiles sur les forces de l’ordre.
En région, des lycées sont bloqués ou filtrés notamment à Rennes, Nantes ou Chartres.
Dans l’Hérault 500 lycéens environ ont manifesté dans les rues de Béziers. Dans l’académie de Montpellier, une trentaine d’établissements était impactée par des blocages, certains filtrants.
La FCPE, première fédération de parents d’élèves, a exigé vendredi "que le harcèlement des lycéens cesse, que leur droit à manifester soit respecté" et "que toute la lumière soit faite sur ces violences policières exercées à l’encontre de nos jeunes".
Une manifestation lycéenne est notamment prévue à Paris, qui doit s’élancer à 11H30 de Stalingrad en direction de République.