Du gaz de chlore pour l’eau potable utilisé comme arme au Soudan
La guerre soudanaise faire rage et les accusations se multiplient contre les protagonistes pour l’utilisation ou le détournement d’armes interdites.
Ainsi Des barils de gaz de chlore ont été largués en septembre 2024 près d’une raffinerie au Soudan, comme le révèle une enquête de la rédaction des Observateurs de France 24. Cette enquête montre qu’ils ont été importés par une entreprise soudanaise liée à l’armée, Ports Engineering Company, au prétexte de produire de l’eau potable.
L’enquête de la rédaction des observateurs de F24 a rappelé le déroulé des événements basés sur des faits. Le 5 et le 13 septembre 2024, du gaz de chlore a été utilisé comme arme chimique autour de la raffinerie al-Jaili, au nord de Khartoum, la capitale soudanaise. À l’époque, l’armée cherchait à la reprendre aux Forces de soutien rapide (FSR), la milice qu’elle affronte dans une guerre civile sans merci.
Les barils contenant le chlore ont été largués depuis le ciel. Or, seule l’armée soudanaise utilise des avions militaires permettant ce type de bombardements. C’est une entreprise indienne, Chemtrade International Corporation, qui a exporté ce gaz au Soudan. Elle affirme qu’il devait être utilisé « uniquement à des fins de traitement de l’eau potable », un usage civil courant pour ce produit.
Cette enquête de la rédaction des observateurs de F24 a également apporté de nouvelles révélations . À savoir que Le gaz de chlore utilisé comme arme autour de la raffinerie al-Jaili le 5 et le 13 septembre 2024 a été importé par une entreprise soudanaise dirigée par un militaire, Ports Engineering Company. Que cette dernière se présente comme spécialisée dans les travaux publics. Mais elle a importé du matériel militaire à plusieurs reprises, et entretient des liens commerciaux avec au moins une entreprise turque fabriquant des munitions, selon des données commerciales exclusives fournies par l’ONG américaine C4ADS. Et que d’après l’exportateur indien, Ports Engineering Company aurait affirmé que les barils de chlore seraient uniquement utilisés « à des fins de traitement de l’eau potable ». Rien ne permet de confirmer que ces barils ont bien été importés au Soudan pour ce motif.
Faut-il rappeler dans ce contexte de guerre que l’accès à l’eau potable est un enjeu critique au Soudan, où plus d’un tiers de la population en est privé. Le chlore est un ingrédient essentiel à la production d’une eau propre à la consommation humaine. S’ils avaient été utilisés dans une station de purification d’eau, les deux barils utilisés dans les attaques autour d’al-Jaili auraient permis de produire assez d’eau potable pour subvenir pendant trois mois aux besoins vitaux du million de déplacés actuellement revenus dans la capitale, Khartoum.
L’accès à l’eau potable est un enjeu extrêmement sensible au Soudan, où près de 17,3 millions de personnes ne peuvent pas s’en procurer, en raison des destructions de stations d’épuration, des pannes d’électricité et des déplacements de population engendrés par la guerre.
Ce manque criant d’eau potable provoque des épidémies, notamment de choléra.
L’État du Nil Blanc, où se trouve le système d’approvisionnement en eau de Tawilla, a ainsi été durement frappé en début d’année : 2 700 personnes, dont 500 enfants, sont tombées malades entre janvier et février 2025, selon l’Unicef. Dans le cas de cette épidémie, la cause était d’abord la destruction de centrales électriques par les FSR. Mais une porte-parole de l’Unicef précise que « l’accès insuffisant aux produits chimiques de traitement de l’eau contribue également aux épidémies ».
