Comment peut-on mourir ainsi en France, abattu à bout portant par un policier? s’interroge “Libération”
« Pire, comment peut-on mourir ainsi à 17 ans, laissant ses proches pleurer non pas une vie pleine de souvenirs mais plutôt une possibilité de vie, que l’on ne peut remplir qu’aux formes les plus cruelles de la conjugaison : Nael aurait pu, Nael aurait tellement aimé et autres Nael avait en lui », se demande l’éditorialiste.
La mort de cet adolescent au volant de sa voiture devient au fil du temps de plus en plus »inexplicable et inexcusable », remarque-t-on, évoquant un “désarroi bien compréhensible”.
»Si tout se déroule dans un schéma républicain attendu, avec la mise en examen du policier accusé d’avoir tiré pour homicide volontaire et son placement en détention provisoire, décision de justice assez rare pour être soulignée, où était la République avant la vidéo qui a déclenché tout ceci ? » s’interroge encore le commentateur.
Une vidéo amateur devenue virale sur les réseaux sociaux a documenté l’incident et venue contredire la version initiale du policier auteur du tir et de son coéquipier. On y voit deux policiers en train de contrôler une voiture. L’un d’entre eux, debout, accoudé sur le pare-brise, tient le conducteur en joue avec son pistolet et tire à bout portant depuis le côté du véhicule quand le conducteur redémarre, avant de finir sa course quelques dizaines de mètres plus loin, encastrée dans un poteau.
Malgré les nombreux « problèmes structurels » des forces de l’ordre allant de la “formation raccourcie aux armements guerriers, du noyautage par des syndicats d’extrême droite à la complaisance de leur hiérarchie envers des bavures trop longtemps niées, rien ou presque n’a été fait pour éviter une mort gratuite”, estime l’éditorialiste.
Quelles que soient les conclusions du processus judiciaire, et quelle que soit l’évolution des protestations violentes, ce constat résonne encore et encore : “Nael est mort car rien n’a été fait pour qu’il reste en vie”, conclut-on.
La mort du jeune Nahel a suscité une vague d’indignation et de réactions alors que des violences urbaines nocturne secouent depuis mardi le pays avec des centaines d’interpellations des dégradations de biens privés et publics, notamment.
Redoutant un embrasement à l’image des émeutes urbaines qui ont secoué les banlieues en 2005, le gouvernement a mobilisé 40.000 gendarmes et policiers pour veiller à l’ordre public dans tout le pays alors qu’une nouvelle cellule de crise se réunira à nouveau ce vendredi pour suivre la situation.