Le bilan 2020 « des « morts violentes au sein du couple », communiqué par le ministère français de l’Intérieur révèle que 35% des féminicides sont survenus alors que les victimes avaient déjà subi des violences, qu’elles soient physiques, psychologiques et/ou sexuelles de la part de leur conjoint. Et 18% du total des victimes avaient déposé plainte après ces faits.
Dans un tiers des décès – tous sexes confondus -, l’auteur a fait usage d’une arme à feu, selon cette étude qui souligne qu’une écrasante majorité (86%) des faits se sont déroulés au domicile, de la victime ou de l’auteur. Près d’un quart (24%) des féminicides ont lieu dans le contexte d’une séparation non acceptée.
Les auteurs sont très majoritairement des hommes (82%), de nationalité française, âgé de 30 à 49 ans (43%) ou de plus de 70 ans (22%), sans emploi ou retraités (66%). Les femmes décédées sont en majorité âgées de 30 à 49 ans (40%) ou ont plus de 70 ans (21%).
Pour les victimes âgées (16% ont plus de 80 ans), la maladie et la vieillesse sont la cause principale du passage à l’acte.
Dans plus de la moitié des cas (52%), de l’alcool, des stupéfiants ou des médicaments psychotropes ont été consommées par l’auteur ou sa victime.
Réagissant à ces chiffres, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé, dans une interview au Parisien une série de mesures afin de lutter contre ce fléau sociétal.
Parmi ces mesures figurent le traitement prioritaire des plaintes pour violences conjugales ou encore la désignation d’un officier spécialisé dans ces violences dans chaque commissariat et chaque brigade de gendarmerie.
Si 102 femmes -23 hommes- ont perdu la vie en 2020 dans ces circonstances – « un chiffre historiquement bas », alors qu’en 2019 il avait été recensé 146 féminicides – le ministre a souligné que l’année dernière a été particulière avec « deux confinements ».
Néanmoins, a-t-il relevé, « le nombre d’interventions de la police et de la gendarmerie pour violences intra familiales reste très élevé: plus de 400.000, soit 45 interventions par heure ».
La dernière série de mesures annoncées pour combattre les féminicides en France date du 9 juin dernier, lorsque le gouvernement, sous pression suite à l’assassinat de Chahinez Daoud, une Franco-algérienne brûlée vive par son mari le 4 mai, avait décidé la mise à disposition des juridictions de 3 000 « téléphones grave danger » d’ici 2022, soit 65% de plus qu’aujourd’hui. Il avait également prévu de renforcer le recours aux bracelets anti-rapprochement.
Mais ces mesures ont été jugées insuffisantes par les militantes engagées contre les violences faites aux femmes.
Au 10 juin 2021, soit environ la moitié de l’année, le nombre des féminicides atteignait déjà 51 victimes en France, selon des chiffres rapportés par les médias locaux.