"Islam et démocratie ne sont pas contradictoires. Un musulman peut gérer un Etat avec beaucoup de succès", a déclaré M. Erdogan, dirigeant d’un parti islamo-conservateur, à l’issue d’un entretien avec son homologue tunisien Béji Caïd Essebsi.
"La réussite du processus électoral en Tunisie va montrer au monde que la démocratie et l’islam peuvent aller ensemble", a souligné M. Erdogan, citant son propre pays en exemple.
"La Turquie compte 99% de musulmans mais c’est un Etat démocratique laïque où toutes les religions ont le même niveau. Un musulman, un chrétien un juif sont égaux dans un Etat laïque", a-t-il déclaré. "Nous croyons à ça et nous travaillons avec ça", a-t-il encore affirmé.
La Tunisie doit élire le 23 octobre une assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle constitution neuf mois après la chute du régime de Ben Ali. Les militants d’Ennahda, qui se réclament ouvertement du modèle turc, apparaissent comme les favoris du scrutin.
L’influence d’Ennahda suscite de fortes craintes dans les milieux laïques et intellectuels tunisiens. A l’issue de leur entretien, les deux responsables, tunisien et turc, ont affirmé à la presse leur soutien au peuple palestinien et son "droit à un Etat indépendant sur son territoire".
"Israël ne pourrait plus faire ce qu’elle veut en mer Méditerranée et vous verrez des navires militaires turcs dans cette mer", a affirmé M. Erdogan.
Il a aussi prévenu que les relations turques avec Israël "ne pourront pas se normaliser tant qu’Israël ne présente pas ses excuses concernant la flottille, ne dédommage pas les familles des martyrs et ne lève pas le blocus à Gaza".
"Notre position est claire en ce qui concerne le Proche-Orient: nous sommes de A à Z avec nos frères palestiniens et nous défendrons la levée du blocus auprès de la cour (pénale internationale) de la Haye", a-t-il indiqué.
Confiant sur les futures relations tuniso-turques, le Premier ministre turc a insisté sur la promotion des échanges dans les domaines commercial, touristique, maritime et éducatif.
Un projet d’échange des étudiants, baptisé "notre Seigneur" va être bientô t lancé, a-t-il indiqué ajoutant que son pays compte renforcer ses relations militaires avec la Tunisie notamment dans "le secteur de l’industrie de la défense, un point fort de l’Etat turc".
"La Tunisie et la Turquie n’ont pas de problèmes politiques et après les élections de l’assemblée constituante nos relations vont progresser de plus en plus", s’est-il réjoui.
Le Premier ministre turc, qui effectue une tournée dans les pays du "printemps arabe", est arrivé mercredi en Tunisie, après une première étape en Egypte. Il doit ensuite se rendre en Libye.