Disponible dans les librairies à partir de jeudi, à la veille de l’ouverture de l’université d’été socialiste de La Rochelle, l’ouvrage de 286 pages mêle entretien et discours prononcés dans toute la France entre 2009 et 2011.
Le livre présente en couverture un François Hollande souriant, en costume-cravate, le regard au loin, mains croisées sur les genoux avec une foule en toile de fond.
L’Elysée, "je m’y prépare depuis que j’ai quitté la direction du Parti socialiste en 2008", écrit le favori des sondages pour affronter Nicolas Sarkozy à la présidentielle.
De la sécurité aux jeunes en passant par la fiscalité, François Hollande distille dans ses discours un projet à forte dimension économique, crise oblige.
Dans l’entretien, celui qui se présentait en début de campagne comme un candidat "normal" apporte une touche plus personnelle, comme pour se dévoiler mais aussi prévenir les attaques à venir.
A ceux qui lui reprochent de n’avoir jamais été ministre, le député de Corrèze réplique que "la grande majorité des dirigeants des pays démocratiques accèdent au pouvoir sans pratique gouvernementale préalable".
"Avoir été ministre ou ne pas l’avoir été n’offre aucune garantie pour une présidence efficace et réussie. La preuve par Sarkozy, s’il fallait en trouver une", ajoute-t-il.
Au chapitre international, il vise encore le président, affirmant qu’il n’aurait pas commis les "erreurs" de recevoir "en grande pompe" à Paris le colonel libyen Mouammar Kadhafi ou le Syrien Bachar al Assad au défilé du 14 juillet 2008.
Vie privée
Interrogé sur sa vie privée, il dit avoir des rapports apaisés avec Ségolène Royal, mère de ses quatre enfants et elle aussi candidate à la primaire en vue de l’élection de 2012.
"Nous faisons nos choix politiques comme nous l’entendons. Nous partageons le même objectif de faire gagner la gauche en 2012", dit-il.
"Quant à ma vie privée, j’ai la chance d’avoir pour compagne Valérie Trierweiler", ajoute-t-il sobrement à propos de la journaliste politique qui partage sa vie.
A l’approche de la primaire des 9 et 16 octobre, François Hollande décoche quelques flèches en direction de sa rivale Martine Aubry, qui a contesté sa gestion du PS dont elle-même a pris les rênes il y a trois ans.
"Je n’ai critiqué aucun premier secrétaire depuis François Mitterrand (…) Je conseille à chacune et à chacun d’en faire autant", prévient-il.
Il accorde le bénéfice de l’âge à Arnaud Montebourg et Manuel Valls, les quadragénaires de la primaire.
"Ils appartiennent à la nouvelle génération", dit-il. "L’âge est important même si le critère résiste, par définition, mal au temps. Il traduit à juste raison le besoin de renouvellement".
Désireux de s’entendre avec Europe Ecologie-Les Verts – "Je souhaite évidemment qu’un accord gouvernemental et électoral soit trouvé avec les écologistes" – François Hollande se montre plus sévère avec l’extrême gauche.
"Ils ne souhaitent pas gouverner. J’en prends acte", dit-il. "Quant aux socialistes qui veulent courir après l’extrême gauche, je les préviens d’avance : jamais ils ne les rattraperont. Moi je préfère marcher devant".
François Hollande fait aussi quelques mises au point, notamment sur une petite phrase – "Je n’aime pas les riches, j’en conviens" -, "rapidement prononcée" sur France 2 en juin 2006 et qui lui colle à la peau depuis.
"J’aurais dû dire la richesse insolente, le cynisme de la rente, la morgue des puissants, la fortune transmise grâce à l’héritage. En revanche je salue le mérite, le talent, l’effort", ajoute l’élu, citant l’ex-président Paul Doumer : "Dans la République, il vaut mieux mériter qu’hériter".