Une petite phrase qui fait l’effet d’une bombe. L’ancienne juge d’instruction Isabelle Prévost-Desprez, qui a instruit un des volets de l’affaire Bettencourt jusqu’en 2010 avant d’être dessaisie, met nommément en cause Nicolas Sarkozy. Elle assure, dans Sarko m’a tuer, un livre écrit par deux journalistes du Monde qui paraît jeudi, qu’un témoin a vu Nicolas Sarkozy, alors patron de l’UMP, se faire remettre de l’argent chez la milliardaire. L’Elysée a déjà formellement démenti.
"J’ai vu des remises d’espèces à Sarkozy"
"L’infirmière de Liliane Bettencourt a confié à ma greffière, après son audition par moi : ‘J’ai vu des remises d’espèces à Sarkozy, mais je ne pouvais pas le dire sur le procès verbal’", a raconté aux auteurs Isabelle Prévost-Desprez, selon un extrait publié par Libération jeudi . La magistrate enquêtait alors sur l’abus de faiblesse reproché à François-Marie Banie r mais "la conversation s’est installée sur autre chose", a expliqué mercredi sur Europe 1 Gérard Davet, l’un des auteurs.
La juge indique par ailleurs avoir été frappée par la "peur de parler sur procès-verbal à propos de Nicolas Sarkozy". "Ces gens-là étaient extrêmement effrayés, entre autres, par le sort réservé à Claire Thibout, l’ex-comptables des Bettencourt [qui avait elle aussi évoqué des remises d’argent , ndlr]", précise Gérard Davet.
"Il était impératif de me débarquer"
A l’Elysée, on assure que "ce sont des allégations scandaleuses, infondées et mensongères". Mais pour Isabelle Prévost-Desprez, ces confidences représentaient une menace pour Nicolas Sarkozy et expliquent pourquoi elle a été dessaisie de l’enquête. "Ce procès représentait pour l’Elysée un risque majeur. (…) Il fallait me dessaisir par tous les moyens. Il était impératif de me débarquer ", cite encore Libération.
Selon Gérard Davet, la magistrate "assume" totalement ses propos puisqu’elle les a "relus" et validés avant la publication du livre. La juge n’a pas enquêté sur ces allégations puisqu’elle n’était pas chargée de ce volet de l’affaire. Mais pour Gérard Davet, "ça veut peut-être dire que l’enquête n’a pas été menée complètement à son terme par le procureur de Nanterre, Philippe Courroye , et que l’enquête qui existe toujours à Bordeaux peut rebondir".