Accord « historique » au G20 agricole

Réunis à Paris à l’occasion d’un G20 agricole inédit, les ministres de l’Agriculture des vingt économies les plus puissantes ont trouvé un accord sur un plan d’action pour lutter contre la volatilité des prix agricoles. Par la voix de son ministre en charge de ce dossier, Bruno Le Maire, la France, qui préside le G20, a qualifié cet accord « d’historique ».

Mission accomplie. Tel est l’état d’esprit des négociateurs français au sortir du G20 agricole – le premier du genre – qui a réuni mercredi et jeudi à Paris les ministres de l’Agriculture des vingt économies les plus puissantes, à l’initiative de la France. "Aujourd’hui est un grand jour, nous sommes parvenus à un accord historique", a ainsi commenté le ministre français de l’Agriculture, Bruno Le Maire. "Le consensus obtenu aujourd’hui par les ministres de l’Agriculture est une unité historique pour résoudre les défis pressants de la faim et de la volatilité des prix des denrées alimentaires", a pour sa part estimé son homologue américain, Tom Vilsack.

Comme proposé par la France, un plan d’actions a été adopté jeudi pour lutter contre la volatilité des prix agricoles, notamment à l’origine des émeutes de la faim en 2007 et en 2008. Entre autres mesures, les pays membres du G20 ont décidé de créer un "Forum de réaction rapide" constitué de hauts responsables issus de ces vingt pays et destiné à "agir rapidement afin de prévenir ou d’atténuer les crises mondiales des prix alimentaires", peut-on lire dans la déclaration finale adoptée jeudi. Pour Bruno Le Maire, il s’agit d’un véritable "Conseil de sécurité agricole", calqué sur son modèle onusien, dont l’existence permettrait d’éviter que la situation de 2010 ne se reproduise quand la Russie avait décidé d’interrompre unilatéralement ses exportations de blé en raison de la sécheresse, entraînant une flambée des prix des céréales.

Pas de mesure coercitive

Les ministres de l’Agriculture ont par ailleurs décidé d’augmenter la production agricole mondiale, en cherchant notamment à améliorer la productivité de certaines céréales, dont le blé. "Pour nourrir une population mondiale qui devrait dépasser neuf milliards d’habitants en 2050, la production agricole devra augmenter de 70% d’ici là", rappelle le texte. Le G20 a également décidé de mettre en place un système d’informations sur les marchés agricoles, baptisé AMIS. Celui-ci vise "à encourager" les pays à "partager leurs données" et à "améliorer les systèmes d’information existants", afin d’obtenir davantage de transparence sur les stocks agricoles.

Toutefois, sur ce point, aucune mesure coercitive n’est prévue en cas de refus d’un pays de partager ses informations, ceci pour que la Chine et l’Inde ne s’opposent pas à la création d’un tel système. Pékin et New Delhi considèrent en effet que dévoiler ces informations stratégiques peut porter atteinte à leur souveraineté. Toutefois, le directeur-général de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), Jacques Diouf, s’est montré optimiste, assurant que "des ministres responsables" avaient signé cet accord et qu’il n’y avait pas lieu de douter de leur bonne foi.

Quant à la régulation, autre grand chantier de la présidence française du G20, l’accord adopté jeudi "encourage fortement les ministres des Finances du G20 à prendre les mesures appropriées pour une meilleure régulation", sans détailler lesquelles. Mercredi soir, devant les ministres de l’Agriculture invités à Paris, Nicolas Sarkozy avait déclaré : "Un marché qui n’est pas régulé n’est pas un marché mais une loterie où la fortune sourit aux plus cyniques." Répondant par avance aux critiques qui ne manqueront pas d’être émises – notamment sur l’insuffisance des mesures anti-spéculation ou le flou sur les biocarburants – Bruno Le Maire a fait valoir qu’il s’agissait d’une "première étape", dont il a semblé très satisfait, lui qui disait mardi "préférer un échec plutôt que d’abandonner sur un point".

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