"On doit lutter contre la fraude, on doit être intransigeant, implacable", a déclaré sur TF1 le ministre de l’Education nationale annonçant pour fin juillet des "propositions d’amélioration de la sécurisation du baccalauréat" afin de faire face à l’émergence des nouvelles technologies.
Sa collègue de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse a expliqué que le gouvernement envisageait notamment l’interdiction dans les salles d’examen des smartphones, un moyen de triche que des professeurs dénoncent de plus en plus à tel point que certains centres d’examen réfléchissent à un brouillage des téléphones portables. Elle a de son côté annoncé des réponses pour "septembre-octobre".
Les risques inhérents à ces nouvelles technologies ont été relevés dans une circulaire du 26 mai.
Dimanche, la liste des incidents relevés en 2011 en marge des examens et concours est encore venue s’allonger, quelques centaines d’étudiants de BTS boycottant à Arcueil (Val-de-Marne) une épreuve réorganisée après avoir été annulée en raison de "fraudes" lors de sa tenue initiale en mai, notamment via des smartphones.
La diffusion sur internet de l’exercice de l’épreuve de mathématiques du bac S, pour laquelle trois jeunes hommes ont été mis en examen samedi à Paris, ne sont pas "une blague de potache", a par ailleurs jugé sur Radio J la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse.
"Il faut un singulier manque de discernement pour ne pas se rendre compte qu’en mettant en ligne ces sujets, on mettait en péril le bac de 165.000 élèves", selon elle.
L’expression "blague de potache" a été utilisée par des sources proches de l’enquête, l’avocat du principal suspect, Me Olivier Morice, et Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche).
A l’unisson des consignes de fermeté de Luc Chatel, qui dès la fuite révélée avait prévenu les responsables qu’ils s’étaient exposés à 3 ans de prison ferme, le parquet de Paris avait réclamé que les trois jeunes soient placés en détention.
Une requête rejetée par le juge d’instruction et que Me Morice a jugée "complètement disproportionnée": "Nous avons le sentiment que (cette demande de) mandat de dépôt est un gage donné à l’opinion publique après les déclarations du ministre Luc Chatel".
Les enquêteurs tentent toujours d’identifier celui qui pourrait être "la source" de la fuite qui a ébranlé le baccalauréat, institution vieille de plus de deux siècles, des voix s’élevant pour une réforme et une part plus importante accordée au contrôle continu.
Si, selon lui, "le baccalauréat peut s’adapter, peut se moderniser", Luc Chatel a affirmé dimanche sa volonté de "défendre cette institution", ce "rite initiatique" et s’est dit "très attaché au caractère national du baccalauréat".
Il a également défendu sa décision, contestée, "difficile à prendre" selon lui, de neutraliser l’exercice incriminé de l’épreuve de mathématiques mais de ne pas annuler l’épreuve: "Est-ce que demander de faire revenir la semaine prochaine 165.000 élèves, serait la solution la plus juste, la plus équitable? Je ne le pense pas."
Deux recours ont été déposés contre cette décision devant des tribunaux administratifs, dont l’un doit être examiné jeudi à Paris. "Nous verrons. Nous sommes dans un Etat de droit", a commenté Luc Chatel.