L’affaire des quotas n’en était pas une, du moins pour la Fédération française de football (FFF) : c’est ce qui ressort des sanctions prononcées par l’institution à l’encontre du directeur technique national (DTN), François Blaquart, et du directeur général adjoint, André Prévosto.
Selon l’AFP, les deux hommes s’en sortent comme des fleurs alors qu’on n’aurait pas misé gros sur le maintien à leurs postes respectifs. Blaquart : un simple avertissement pour ce que la FFF considère comme un «dérapage». Pour mémoire, le DTN avait évoqué lors d’une réunion le 8 novembre la nécessité d’établir dès l’entrée dans les centres de formation des «quotas» de possibles binationaux, c’est-à-dire des joueurs (dans les faits d’origine africaine) qui ont un parent ou un grand-parent non français.
Pour Prévosto : une mise à pied de six jours, «la sanction la plus lourde avant le licenciement, selon le règlement interne de la fédération», d’après l’AFP. Si Prévosto est donc plus lourdement sanctionné que Blaquart, sa faute paraissait moindre : il est coupable de ne pas avoir transmis l’enregistrement de la réunion (réalisé par le responsable du foot des quartiers, Mohamed Belkacemi, à l’insu des participants) au président de la FFF Fernand Duchaussoy.
«Connerie». Hier toujours, l’AFP a également dévoilé la sanction qui frappe l’entraîneur adjoint des Bleus, Alain Boghossian, qui était allé disputer pour une petite fortune un match bidon en Tchétchénie le 11 mai avec d’autres vieilles gloires sous le haut patronage de l’autocrate local Ramzan Kadyrov : il écope aussi d’un avertissement. Si l’on suit l’échelle des sanctions de la FFF, la «connerie» (le mot est de Duchaussoy) dont s’est rendu coupable Boghossian vaut donc le fait d’envisager de trier les gamins selon leur ascendance. Selon la source citée par l’AFP, Blaquart garde du reste «toute la confiance» de l’institution.
Les deux derniers protagonistes de l’affaire des quotas, le sélectionneur des Bleus, Laurent Blanc, et celui des Espoirs, Erick Mombaerts, avaient déjà été blanchis par la commission d’enquête de la FFF, en dépit de leur rôle actif dans la conversation de la réunion du 8 novembre rapportée par le site Mediapart. La légèreté des sanctions doit forcément être considérée à la lumière du contexte dans lequel est plongée la FFF, qui connaîtra son nouveau président après le scrutin du 18 juin.
Chiffon. Le message est clair : la fédé ne se laisse pas dicter son comportement par l’extérieur, qu’il s’agisse du public, des médias ou du ministère des Sports d’une Chantal Jouanno qu’on imagine un peu chiffon devant un verdict aussi clément, mais qui n’a pas souhaité s’exprimer avant l’officialisation des sanctions. Duchaussoy, en position de force pour l’élection à venir, a tout intérêt à agréer une base (le monde amateur) désireuse qu’on en termine le plus discrètement possible avec cette triste histoire.