Un coup magistral allait être réussi. La confiance et l’affection des Français allaient être de retour. L’impopularité des sondages allait être un mauvais souvenir. Un énorme crédit allait entre engranger. Même si Nicolas Sarkozy sait mieux que quiconque qu’une élection, si décisive soit-elle, ne se gagne jamais à l’international, il était homme de communication à utiliser les tribunes les plus prestigieuses pour s’adresser avec efficacité aux coins les plus reculés de l’Hexagone.
Mais voilà, cette belle mécanique bien rodée sur le papier ne marcha pas. La révolution tunisienne qui exila le président Ben Ali en Arabie Saoudite donna un premier coup de boutoir à ce schéma. Loin d’accompagner ce mouvement de libération nationale, Nicolas Sarkozy passa le plus clair de son temps à déminer son principal dommage collatéral. Son ministre de l’intérieur Michelle Alliot-Marie s’embourbe dans une affaire de collusion d’intérêts politiques, privés et familiaux qui donne le tournis à l’opposition. Au lieu de trancher en la faisant démissionner, Nicolas Sarkozy s’enferme dans sa défense comme si son avenir politique dépendait de son maintien au gouvernement.
Cerise sur le gâteau, la gestion post-changement en Tunisie fut catastrophique. Le nouvel ambassadeur Boris Boillon, dans un mélange de maladresse et d’arrogance, provoqua des étincelles qui vont durablement desservir l’action diplomatique française dans cette région.
Entre-temps vint la crise égyptienne. Autiste jusqu’à la dernière minute à l’égard de la Tunisie, la diplomatie française observa une étrange distance à l’égard du chaudron égyptien, se contentant souvent d’accrocher son wagon à la locomotive américaine ou de parler timidement sous couvert européen. Et l’on découvre aussi que François Fillon, l’austère, l’intègre Premier ministre, ne détestait pas les petites intentions touristiques du régime égyptien. Avec le départ de Hosni Moubarak, Nicolas Sarkozy révèle aux français son incapacité d’anticiper les événements. Son appareil diplomatique est resté pendant de longues journées dans une posture hébétée à se demander presque si une vie est possible après Moubarak.
Ses lenteurs dans les réactions à l’égard de la Tunisie et de l’Egypte furent violement éclaboussées par la gestion de l’affaire Florence Cassez, du nom de cette jeune Française détenu au Mexique dans une affaire de Kidnapping. Là où il fallait doigté et retenue diplomatiques, Nicolas Sarkozy Sortit les bruyantes trompettes pour aboutir à un résultat catastrophique : La France et le Mexique, pays traditionnellement amis, vivent une crise diplomatique ouverte. Fort de toutes ces contre performances, Nicolas Sarkozy renoue avec l’impopularité et le désamour. Désastreux pour un président déjà an campagne.