"Préparez-vous au combat: les juifs! Les juifs! Le combat pour la cause de Dieu. Le paradis! Le paradis!", a lancé dans son haut-parleur ce religieux portant barbe blanche et djellaba devant une foule en effervescence.
Joint par l’Associated Press, le président de la communauté juive de Tunisie, Roger Bismuth, a jugé "inadmissibles" de telles attitudes, appelant les autorités à "réagir pour mettre fin à ces dépassements". "Quant à moi, je n’ai que du mépris pour ces gens-là. Ils ne sont pas respectables parce qu’ils causent du tort à leur pays, à mon pays, parce que je suis Tunisien", a-t-il dit.
Des salafistes avaient lancé des appels à "tuer les juifs" lors d’une visite en janvier dernier du chef du mouvement palestinien Hamas, Ismaïl Haniyeh. Ces appels avaient suscité une condamnation unanime des autorités et de la société civile, y compris du mouvement islamiste modéré Ennahdha, au pouvoir.
La manifestation de dimanche a rassemblé plus de 10.000 personnes venues réclamer l’application de la charia (loi islamique) et condamner la profanation du Coran et autres incidents qui ont eu lieu la semaine dernière dans certaines mosquées du pays.
"La charia est une obligation, pas un slogan. C’est la solution", "Nous demandons la punition de ceux qui traitent les musulmans de rétrogrades", pouvait-on lire sur certaines pancartes brandies par des partisans du parti Ettahrir, une formation radicale non reconnue, qui appelaient à l’instauration d’un Etat islamique.
Ancien "afghan" condamné à plus de 40 ans de prison pour des délits "terroristes" sous le régime Ben Ali, Seifallah ben Hassine, plus connu sous le pseudonyme d’Abou Iyadh, a adressé "un avertissement" à l’Occident: "Vous avez combattu l’islam en Somalie, en Afghanistan, en Tchétchénie et en Irak et le résultat a toujours été le même. Vous n’atteindrez pas votre objectif en Tunisie non plus".
Il a également dénoncé les propos du ministre de l’Intérieur Ali Laârayedh, qui a récemment déclaré que les salafistes djihadistes représentaient "un grand danger pour la Tunisie".
En marge de la manifestation, les islamistes se sont attaqués à des artistes qui organisaient sur la même artère une action intitulée "le peuple revendique du théâtre", à l’initiative de l’Association des ressortissants des instituts d’arts dramatiques.
"J’étais avec les artistes devant le théâtre municipal. Les policiers nous ont menacés de nous lâcher à la merci des extrémistes. Des extrémistes ont réussi à casser les cordons des policiers et se sont attaqués à nous. Certaines personnes ont réussi à quitter l’endroit tandis que d’autres sont entrées dans le théâtre", a témoigné la blogueuse Leena ben Mhenni dans un courriel adressé à l’Associated Press.