"Est-il compatible avec la bonne gouvernance qu’un festival financé par des deniers publics soit organisé alors que des diplô més sont au chômage et que des régions enclavées n’ont même pas de quoi se chauffer?", a déclaré Habib Choubani, ministre des relations avec le parlement et de la société civile, au quotidien arabophone Akhbar Al-Youm.
Le directeur artistique du festival Aziz Daki a réagi mardi soir, en affirmant à l’AFP qu’il était "faux d’affirmer que Mawazine est financé par des deniers publics alors que seulement 6% du budget global du festival provenaient de subventions publiques".
"Grâce à ces revenus, le festival a cessé de percevoir les infimes subventions publiques depuis 2010. Ni la ville, ni la région ne donnent un seul dirham au festival Mawazine", organisé par Maroc Cultures, une association à but non lucratif.
Qualifiant la logique du ministre islamiste de "démagogique", M. Daki estime que "les discours qui subordonnent la culture à d’autres secteurs prioritaires visent au bout du compte à rendre accessoire tout événement artistique ou culturel dans le pays et à rendre suspect tout dirham investi dans la culture".
"Si l’on suit cette logique, qui relève davantage de la démagogie, jusqu’au bout, il n’y aura pas de musée pour préserver le patrimoine, ni de théâtre et encore moins de salles de concert. On peut même annuler les activités sportives qui coûtent de l’argent aux contribuables !", estime-t-il.
Le festival Mawazine se déroule dans la capitale Rabat et accueille chaque année des chanteurs célèbres, arabes et occidentaux comme le Britannique Elton John en 2010 et la Colombienne Shakira en 2011.
Cette année, les Américains Mariah Carey et Lenny Kravitz, ainsi que la star libanaise Nancy Ajram y seront invités entre le 18 et le 26 mai prochains.
En 2010, les islamistes du Parti justice et développement (PJD), le grand vainqueur des législatives de novembre dernier et parti du nouveau chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, avaient demandé l’interdiction de la participation d’Elton John au motif de son "homosexualité".
Le PJD, qui dirige un gouvernement de coalition depuis janvier, s’est fixé comme objectif de moraliser la vie publique et politique du royaume, et de réduire les dépenses de l’Etat en temps de crise.