France/Covid-19 : Castex au front, nouveaux couvre-feux en perspective

Face à une situation « particulièrement préoccupante », Jean Castex remonte jeudi en première ligne pour annoncer le basculement de plusieurs départements en « alerte maximale » contre le Covid-19, avec de nouveaux couvre-feux à la clef.

Comme dans d’autres pays voisins, les projections sont mauvaises et les courbes s’accélèrent: 26.676 nouveaux cas de Covid-19 dépistés dans les dernières 24 heures, contre un peu plus de 20.000 la veille. 284 nouvelles entrées en réanimation soit 2.239 personnes au total pour une capacité nationale de 5.800 lits. Et 166 morts de plus, faisant passer la barre des 34.000 décès en France depuis le début de la pandémie mondiale.

Cette moyenne cache des situations locales encore plus critiques. Et six jours après les couvre-feux instaurés entre 21H00 et 06H00 dans les métropoles de Paris, Lille, Lyon, Marseille, Rouen, Grenoble, Saint-Etienne, Montpellier et Toulouse, d’autres devraient suivre.

Le taux d’incidence, indicateur clef qui relève le nombre de nouveaux cas sur sept jours pour 100.000 habitants, est notamment en hausse à Clermont-Ferrand (322), Tours (237) ou Nantes (194). Dans l’Eurométropole de Strasbourg, où il frôle désormais le seuil d’alerte maximale, le taux d’incidence « double chaque semaine », constate l’Agence régionale de santé du Grand est, conduisant la mairie de Strasbourg à renoncer à son marché de Noël traditionnel. Seules des animations seront maintenues, ainsi que le grand sapin sur la place Kléber.

Dans la Loire, particulièrement touchée, le couvre-feu va être étendu à l’ensemble du département à partir de vendredi minuit, a annoncé la préfète dès mercredi soir.

Signe de l’inquiétude de l’exécutif face à une « crise profonde », c’est donc le Premier ministre, et non Olivier Véran, qui tiendra le point presse jeudi à 17H00 avec « un certain nombre de départements qui basculeront en alerte maximale », a annoncé, sans plus de précisions, Gabriel Attal mercredi à la sortie du Conseil des ministres.

« L’heure est grave avec un doublement du taux d’incidence tous les 15 jours », a insisté M. Attal jeudi sur LCI. Interrogé sur la possibilité d’avancer le couvre-feu à 19H00 dans certaines villes, il a déclaré: « tout est toujours regardé par principe » en rappelant que « toutes les mesures » prises par le gouvernement « visent à empêcher un reconfinement », aux conséquences catastrophiques sur le plan socio-économique.

 

 « Un paquebot »

Pour éviter un tel reconfinement, que vient d’annoncer l’Irlande et le pays de Galles, il faut éviter un nouveau pic comme au printemps, quand plus de 7.000 patients Covid-19 se trouvaient en réa, avec des centaines de morts par jour.

« Ce virus est un paquebot, il faut du temps pour le faire bouger, a indiqué Gabriel Attal », rappelant qu’au moment du confinement généralisé du pays au printemps, « il avait fallu 18 jours avant d’observer la première très légère diminution ».

Le Conseil scientifique a déjà prévenu: « les mois d’hiver seront difficiles ». Désireux d’élargir sa marge de manœuvre, l’exécutif a adopté en Conseil des ministres un projet de loi pour prolonger l’état d’urgence sanitaire, rétabli samedi, jusqu’au 16 février 2021 inclus. Nécessitant un vote au parlement, il sera examiné dès ce week-end à l’Assemblée avant de passer au Sénat.

L’exécutif entend aussi pouvoir appliquer des mesures de restrictions de circulation, de rassemblements ou d’ouvertures des établissements au moins jusqu’au 1er avril 2021, sur tout ou partie du territoire et en fonction de la situation épidémique, selon le même texte.

L’opposition regrette, à l’image du maire LR de Saint-Etienne Gaël Perdriau, que le gouvernement soit « toujours en réaction et pas dans l’anticipation ». « Il faut craindre le reconfinement, mais c’est la conséquence directe de la casse de l’hôpital public, de l’austérité budgétaire », dénonce la députée LFI Clémentine Autain.

Jean Castex devrait également revenir jeudi sur les mesures économiques et sociales d’accompagnement des professions durement touchées par une vie au ralenti comme les restaurateurs ou les artistes, ainsi que des personnels soignants.

L’Assemblée nationale a approuvé mercredi soir une rallonge de 2,405 milliards d’euros pour les établissements de santé qui doit permettre l’ouverture de « 4.000 nouveaux lits » d’hôpitaux et des revalorisations salariales promises aux soignants.

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