Tunis: le personnel de santé manifeste contre les problèmes du secteur public

Des milliers de médecins, d’infirmiers et d’employés de la santé publique, en grève depuis lundi, ont manifesté mardi à Tunis pour exprimer leur colère face aux infrastructures défaillantes dans ce secteur en difficulté depuis des années.

Des milliers de médecins, d’infirmiers et d’employés de la santé publique, en grève depuis lundi, ont manifesté mardi à Tunis pour exprimer leur colère face aux infrastructures défaillantes dans ce secteur en difficulté depuis des années.

Cette manifestation, dont des images étaient diffusées en direct sur les réseaux sociaux, intervient après la mort de Badreddine Aloui, un médecin de 27 ans.

Il s’est engouffré dans un ascenseur de l’hôpital de Jendouba (nord-ouest de la Tunisie), dont la porte s’était ouverte malgré l’absence de cabine à l’étage. L’appareil était resté en service malgré une défaillance signalée depuis plusieurs années dans un hôpital visité ces derniers mois par deux ministres.

Ce drame a déclenché un tollé sur les réseaux sociaux et plusieurs manifestations contre les carences de la classe politique, notamment le gouvernement.

« Tueurs de nos enfants! Voleurs de notre pays », « Honte sur vous! », « Tous pour la réforme de la structure de la santé », « La grève, la grève, et pas de crime impuni! », ont notamment scandé les protestataires rassemblés devant le ministère de la Santé, à l’appel de l’Organisation tunisienne des jeunes médecins, a constaté un photographe de l’AFP.

Certains en blouse blanche, d’autres enveloppés du drapeau tunisien et brandissant des portraits de Badreddine, les manifestants ont réclamé le limogeage du ministre de la Santé Faouzi Mehdi. Une bonne partie d’entre ne portait pas de masque de protection anti-coronavirus.

« Un ministre qui ne sait pas prendre des décisions, reste chez-lui », ont-ils crié.

« La situation de la santé publique est catastrophique. C’est nous qui allons la changer! N’attendez rien d’eux (les dirigeants politiques, NDLR), ils n’ont aucune volonté pour faire quoi que ce soit! », a déploré un médecin, s’adressant à la foule qui a défilé jusqu’au siège de la présidence du gouvernement à la Kasbah, à Tunis.

Longtemps considérée comme un secteur stratégique, la santé publique est délaissée depuis une vingtaine d’années au profit du privé et soufre de problèmes de gestion et de corruption.

Les structures de santé sont inégalement réparties dans le pays. Ainsi treize des 24 gouvernorats ont moins d’un lit de réanimation pour 100.000 habitants, selon une thèse récente illustrant la marginalisation des régions du sud et du centre.

La situation est d’autant plus difficile avec la pandémie de coronavirus. Selon le bilan officiel lundi, le pays a recensé 104.329 cas, dont 3596 décès.

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