Syrie: violences meurtrières, Washington presse l’opposition d’aller à Genève-2

Plus de 20 personnes ont péri mercredi dans une explosion dans le sud de la Syrie, au moment où Washington presse l’opposition syrienne, désavouée par les rebelles sur le terrain, de participer à une conférence internationale de paix.

Dans le nord-est du pays, plus de 40 combattants ont péri mardi dans des affrontements entre Kurdes d’une part et jihadistes et autres rebelles islamistes d’autre part dans la province de Hassaka.

Au moins 21 personnes, dont quatre enfants et six femmes, ont été tuées dans la matinée dans la déflagration survenue près de Nawa, dans la province de Deraa, berceau de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad devenue guerre civile après avoir été réprimée dans le sang dès mars 2011.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), des militants ont accusé les troupes du régime d’avoir posé des explosifs sur la route empruntée par la camionnette à bord de laquelle se trouvaient les victimes, tandis que l’agence officielle Sana a indiqué que "21 terroristes ont été tués lorsqu’ils étaient en train de piéger une voiture dans un de leurs repères à Nawa".

Le régime tente depuis des mois de repousser l’avancée des rebelles dans cette région stratégique, à la frontière jordanienne et près de la province de Damas.

Dans la province de Hassaka, au moins 29 combattants de l’Etat islamique en Irak et au Levant(EIIL) et du Front Al-Nosra, deux groupes affiliés à Al-Qaïda, ainsi que d’autres groupes rebelles islamistes ont été tués et 12 combattants kurdes ont péri dans des combats, selon l’OSDH, qui s’appuie sur un large réseau de militants et de médecins à travers le pays.

Depuis plusieurs mois, les Comités de protection du peuple (YPJ, principale milice kurde en Syrie) défendent leur territoire –d’où s’est retirée l’armée– face aux groupes radicaux qui tentent de grignoter leur terrain, selon l’OSDH.

Face à cette guerre de plus en plus complexe qui a déjà fait plus de 115.000 morts selon l’OSDH, les Etats-Unis, qui soutiennent l’opposition, ont appelé celle-ci à participer à la conférence de Genève-2 attendue pour la mi-novembre, estimant que sa présence était cruciale, après la décision d’un groupe clé anti-régime de la boycotter.

Le Conseil national syrien (CNS), groupe le plus important de la Coalition de l’opposition syrienne, a en effet affirmé dimanche qu’il ne prendrait pas part à cette conférence, refusant de négocier avec un régime qui selon lui est responsable des souffrances endurées par la population en raison notamment des bombardements et du siège des villes rebelles.

Cette décision vient porter un coup sérieux à la crédibilité de ces négociations convoquées par les Américains et les Russes, qui soutiennent Damas.

Genève-2 doit reprendre les grandes lignes d’un accord international sur une transition politique en Syrie, signé le 30 juin 2012 à Genève mais jamais appliqué.

L’opposition politique, minée par les divisions internes entre les "faucons" du CNS qui refusent toute négociation avant le départ du régime et d’autres plus ouverts à l’idée, fait face également au défi de sa représentativité face à la rébellion sur le terrain, qui se sent de plus en plus abandonnée.

Mercredi, près de 70 groupes rebelles combattant dans le sud du pays ont affirmé dans une vidéo qu’ils ne reconnaissaient plus la Coalition de l’opposition.

"Nous retirons notre reconnaissance à tout groupe prétendant nous représenter", affirme le porte-parole dans la vidéo, en référence à "la coalition et ses responsables".

Cette annonce intervient après le désaveu cinglant de 13 principaux groupes de la rébellion fin septembre.

Dirigeants de l’opposition mais aussi de l’Armée syrienne libre (ASL), principale coalition rebelle dite modérée et appuyée par des pays arabes et occidentaux, avaient alors rencontré les chefs insurgés sur le terrain pour tenter de combler le fossé.

Par ailleurs, les experts internationaux de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) poursuivent leur travail en vue du démantèlement de l’arsenal chimique d’ici début novembre en vertu d’une résolution de l’ONU. Ils ont annoncé mercredi avoir vérifié onze sites sur la liste fournie par la Syrie et détruit des équipements de production sur six sites.

Leur mission a été décidée à la faveur d’un accord russo-américain, alors que les Etats-Unis menaçaient le régime de frappes après une attaque chimique meurtrière imputée aux forces de Bachar al-Assad le 21 août près de Damas.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite