Le dernier sondage montre que les partisans du "oui" à ce référendum ont gagné du terrain, au détriment de ceux qui ont indiqué voter "non", ce qui montre que le scrutin sera serré.
Si le "oui" l’emporte, ce sera "le chaos", selon les mots du professeur genevois de Sciences politiques Pascal Sciarini, car les relations entre la Suisse et l’UE risquent d’être complètement remises à plat.
La Suisse est un petit pays, peuplé de 8 millions d’habitants, qui ne fait pas partie de l’UE, alors qu’il est complètement cerné par des pays membres de l’UE.
Liée par des accords bilatéraux avec l’UE, négociés âprement pendant 5 ans, la Suisse a accepté d’ouvrir son marché du travail aux 500 millions d’actifs de l’UE.
Au moment de l’entrée en vigueur de la libre-circulation, qui s’est faite progressivement depuis 2002, les autorités avaient indiqué qu’il n’y aurait que 8.000 arrivants par an maximum.
En fait, la Suisse avec son insolente bonne santé économique, qui tranche avec la crise dans la zone euro, accueille bon an mal an 80.000 nouveaux arrivants sur son marché du travail, ce qui a provoqué la colère du parti UDC (droite populiste), le parti le plus important du Parlement suisse.
Ce parti est à l’origine du référendum, car il a réussi à collecter le nombre de signatures nécessaires à l’organisation d’une telle consultation, prévue dans le système politique suisse, basé sur la démocratie directe.
Si le "oui" l’emporte, la Suisse rétablira des quotas et contingents selon ses besoins pour les immigrés, un système avec lequel elle a vécu avant les accords bilatéraux avec l’UE et qui représente beaucoup de tracasseries administratives, dénoncées par les employeurs.
Le gouvernement suisse, la plupart des partis politiques ainsi que le patronat se sont prononcés de manière catégorique pour le "non" à ce référendum.
Selon eux, freiner ou donner un coup d’arrêt à cette immigration signifierait la fin de la prospérité suisse.
Un sujet de crispation
Bruxelles a d’ores et déjà indiqué que si la Suisse met fin à l’accord de libre-circulation, tous les autres accords liant Berne à l’UE seraient dénoncés ipso-facto.
Les partisans du "oui", avec l’UDC en tête, répliquent en disant qu’il s’agit d’une question de souveraineté nationale, et que le pays ne doit pas se plier au diktat européen.
En outre, l’UDC estime que cette immigration massive européenne constatée ces dernières années est la cause de nombreux maux dont souffre la Suisse, comme des transports en commun surchargés, une pénurie de logements, et des paysages défigurés par le bétonnage du secteur de la construction.
L’immigration est devenue au fil des ans un sujet de crispation en Suisse. Pour répondre en partie aux protestations d’une partie de la population à ce sujet, le gouvernement a adopté dernièrement des mesures destinées à rendre l’accès aux prestations sociales plus difficiles pour les nouveaux arrivants européens.
En 2013, les étrangers représentaient 23,5% (1,88 million de personnes) de la population en Suisse. Avant les accords de libre-circulation avec l’UE, il y avait environ 20% d’étrangers en Suisse. Actuellement, sur ces étrangers, 1,25 million sont issus de l’UE-27 ou de l’AELE.
Les Italiens et les Allemands sont les plus nombreux, avec respectivement 291.000 et 284.200 ressortissants.
Ils sont suivis par les Portugais (237.000) et les Français (104.000). A titre d’exemple, l’an dernier la population du canton de Neuchâtel a progressé de 10%, une hausse due à une arrivée massive de ressortissants portugais.
A ces étrangers, il faut en plus ajouter, selon l’UDC, les frontaliers qui représentent dans la région de l’Arc Lémanique, autour du lac Léman, quelque 113.000 personnes, dans le Tessin 60.000 tout comme dans la région de Bâle.
Les sondages montrent que plus de 70% des votants au Tessin voteront "oui".