Quatre jours avant le vote décisif de dimanche, et au lendemain d’un 1er Mai très politique, le candidat socialiste, arrivé en tête au premier tour, et le Président sortant doivent aborder en deux heures et demie, dans l’ordre, les questions économiques (dette, chômage notamment), de société (immigration), leur style de présidence, et enfin les dossiers internationaux, à commencer par le retrait militaire d’Afghanistan.
La forme de cette rencontre est aussi au coeur de toutes les préoccupations. Au lendemain du premier tour, les équipes des candidats, les chaînes co-organisatrices et le CSA se rencontrent à plusieurs reprises. Du choix du réalisateur à la couleur du décor, tout est discuté. En 1988, François Mitterrand avait ainsi obtenu que la table mesure exactement 1.70 mètre, car c’était la distance qui le séparait de Jacques Chirac quand celui-ci venait le voir dans son bureau à l’Elysée. Le soir du débat, le président candidat voulait rappeler à son premier ministre leur différence de statut.
Depuis, les équipes sont vigilantes à ce que rien ne désavantage leur champion. En 2007, un vif débat s’était ouvert sur "la température du plateau", se souvient Patrice Duhamel, alors directeur général de France Télévisions. "Avec un thermomètre, les équipes ont constaté qu’il y avait un degré d’écart entre les deux places : il a fallu rétablir l’égalité absolue." En souvenir de cette âpre négociation, les candidats auront ce soir chacun un climatiseur.
Le candidat socialiste s’attend à un rendez-vous "rugueux", qu’il envisage avec "confiance". "Ce n’est pas un matche de boxe, de lutte, je ne suis pas dans ce type de comportement", a-t-il déclaré devant des journalistes mardi à Nevers.
Selon l’équipe de Nicolas Sarkozy, celui-ci préparera chez lui, ce mercredi, ce débat qui apparaît comme sa dernière chance de faire basculer en sa faveur les indécis, alors que les sondages le donnent battu par François Hollande. Tout comme son rival, le président élu en 2007 souhaite un débat "pour les Français", mais prévient : "Il va falloir que François Hollande fasse ce qu’il déteste : être franc".