Salim Idriss face aux divisions des rebelles syriens et à une myriade d’unités combattantes

Face à une opposition politique éclatée et une myriade d’unités combattantes, les pays désireux de fournir des armes aux rebelles syriens ont trouvé en Salim Idriss un interlocuteur privilégié, dont ils attendent désormais qu’il affirme son autorité face à l’influence des islamistes radicaux. La tâche est aussi ardue qu’urgente face aux gains enregistrés sur le terrain par l’armée syrienne depuis mai avec l’appui massif des combattants du Hezbollah libanais.

Salim Idriss face aux divisions des rebelles syriens et à une myriade d
Ancien général de l’armée syrienne, Salim Idriss a été porté fin 2012 à la tête du conseil militaire suprême de l’Armée syrienne libre (ASL) qui tente de renverser Bachar al Assad. Le choix de cet homme pragmatique et calme, à l’apparence bonhomme, a été davantage le fruit d’un consensus que d’un ralliement.

Ce conseil militaire, organisé en cinq fronts géographiques, est miné par de fréquents désaccords stratégiques, ce qui réduit l’efficacité de l’ASL en comparaison des unités islamistes réputées pour leur discipline et leur détermination.

Depuis sa nomination, Salim Idriss a toutefois fait preuve d’un sens diplomatique pour désamorcer les tensions au sein du conseil militaire, comme lorsqu’un commandant rebelle a proposé d’aller frapper le Hezbollah au Liban après la défaite à Koussaïr, reprise le 5 juin par les forces gouvernementales avec l’appui du mouvement chiite libanais.

Salim Idriss a dit partager l’analyse du colonel Abdeldjabbar al Okaïdi sur le rôle du Hezbollah en Syrie mais il s’est opposé à toute intervention au Liban, selon des sources proches de ces discussions.

"IL N’A PLUS BEAUCOUP DE TEMPS"

Cette approche mesurée a été appréciée par les Etats-Unis et par l’opposition politique à Bachar al Assad, qui compte même sur lui désormais pour l’aider à s’unir.

Ainsi en avril, quand le chef de la délégation syrienne, Moaz al Khatib, a claqué la porte de la réunion des Amis de laS yrie à Istanbul pour protester contre la passivité de la communauté internationale, Salim Idriss a permis à la conférence de se poursuivre.

"Al Khatib a littéralement piqué une crise et est parti. Idriss l’a remplacé et a sauvé la réunion. Les Turcs, qui étaient sceptiques à son égard, ont compris combien ils lui devaient", raconte un responsable de la Coalition nationale syrienne, l’organe politique de l’opposition à Bachar al Assad.

Pour autant, de nombreux combattants rebelles voient davantage en Salim Idriss un simple porte-parole ou un fournisseur d’armes qu’un véritable chef militaire.

"Idriss s’est bien débrouillé en tant qu’interlocuteur des Occidentaux et des pays du Golfe mais la situation militaire se dégrade (…) Il n’est pas encore trop tard mais il n’a plus beaucoup de temps", juge un membre éminent de l’opposition ayant requis l’anonymat. "Les islamistes n’aiment pas Idriss mais ils ne le détestent pas non plus", ajoute cette même source.

Obtenir des armes auprès des pays occidentaux permettrait au conseil militaire de l’ASL de rééquilibrer les forces face aux islamistes dans la lutte contre Bachar al Assad, notamment dans l’est de la Syrie, où des groupes salafistes comme Ahrar al Cham et le Front al Nosra ont conquis quasiment à eux seuls la ville de Rakka en mars.

"IL A LE PROFIL"

D’après des diplomates, l’objectif des pays occidentaux en soutenant Salim Idriss est de créer une structure bien armée et bien financée afin d’attirer des combattants n’ayant pratiquement d’autre choix, jusqu’à présent, que de rejoindre des unités islamistes.

"Les responsables occidentaux nous ont dit sans ambages qu’ils ne veulent pas d’un nouveau Rwanda en Syrie où les alaouites finiraient par se faire exterminer. Ils veulent renforcer l’opposition suffisamment pour contraindre Assad à accepter une transition politique et à quitter le pays", dit un responsable de l’opposition. "La force principale d’Idriss, c’est qu’il est raisonnable. Il a le profil."

Salim Idriss a récemment déclaré à Reuters que son but était de voir Bachar al Assad quitter le pouvoir afin de favoriser l’avènement d’une "Syrie tolérante et démocratique".

Il compte désormais obtenir suffisamment d’armes pour renforcer l’ASL face aux 50.000 hommes des forces gouvernementales et des 15.000 combattants, selon son estimation, du Hezbollah, d’Iran et d’Irak.

"Nous ne minimisons pas les aptitudes militaires de ces combattants, notamment ceux du Hezbollah, qui sont bien formés et sont dirigés par des officiers iraniens", dit-il. "On a encaissé le choc. On commence à riposter et à contre-attaquer."

Avec Reuters

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