Régulation financière: Strauss-Kahn (FMI) appelle à plus d’unité
Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, s’est dit « préoccupé » mercredi par le manque de volonté des principaux pays dans le monde de travailler ensemble pour reconstruire le système financier international et mieux le réguler.
"La reprise s’avère être meilleure que prévu et nous prévoyons une croissance mondiale de 4% cette année", a-t-il précisé. Dans ses dernières prévisions, datant de fin janvier, le Fonds monétaire international tablait sur une progression du Produit intérieur brut mondial de 3,9%.
Mais "pour moi, la question principale est: utilisons-nous au maximum cette opportunité? Et je dois vous dire que je suis un peu préoccupé", a reconnu le directeur général du FMI.
"La volonté de faire en sorte que tous les pays travaillent ensemble régresse quelque peu", a regretté le Français.
"Chaque gouvernement rentre chez lui, a son propre programme politique et la volonté d’agir ensemble risque dans six mois, je ne dirais pas de disparaître, mais de ne pas être ce qu’elle était il y a quelque temps", juste après la phase aiguë de la crise financière, a-t-il jugé.
A titre d’exemple, les pays de l’Union européenne éprouvent les pires difficultés à trouver entre eux un consensus sur la régulation des fonds spéculatifs (hedge funds), accusés d’avoir joué un rô le amplificateur dans le crise financière mondiale.
Ils ont reporté mardi une discussion sur le sujet, lors d’une réunion à Bruxelles, du fait de l’opposition de la Grande-Bretagne, qui s’inquiète pour l’avenir de la City de Londres, et dont le gouvernement affronte bientô t des élections législatives qui s’annoncent très difficiles pour lui.
Ce sujet est aussi à l’origine d’une récente passe d’armes entre l’Union européenne et les Etats-Unis, qui accuse l’Europe de vouloir fermer ses frontière aux hedge funds américains par volonté protectionniste.
L’UE se plaint elle des normes comptables en vigueur pour les entreprises aux Etats-Unis, qui désavantagent les entreprises européennes.
Dans une allusion aux résistances du gouvernement britannique sur les fonds spéculatifs, M. Strauss-Kahn a jugé que la situation actuelle "demande un leadership politique fort pour résister aux pressions nationales".
"Sans collaboration internationale, nous ne pourrons réussir", a-t-il ajouté. Le nouveau cadre international de régulation financière doit fonctionner "de manière intégrée" pour éviter les dérives spéculatives de la récente crise, selon lui.
"La priorité doit consister à ne pas oublier qu’il n’y a pas de solutions nationales" pour réguler les marchés qui sont sans frontière, "des crises mondiales nécessitent des solutions mondiales", a-t-il dit.