Paris n’avait « pas pris la juste mesure » de la « désespérance » d’un « peuple frère »
Lors de la conférence de presse donnée à l’Elysée, lundi matin, Nicolas Sarkozy ne s’est pas contenté d’aborder la question du G20 à venir. Le président français Nicolas Sarkozy a saisi l’occasion pour revenir longuement sur la situation en Tunisie et expliquer la position de la France, critiquée pour son attentisme.
« C’est un peuple frère qui a décidé de reprendre en main son destin. Quand on est si proche, quand les destinées individuelles et collectives sont tellement imbriquées, on n’a pas toujours le recul nécessaire", a dit Nicolas Sarkozy.
« Derrière l’émancipation des femmes, l’effort d’éducation et de formation, le dynamisme économique, l’émergence d’une classe moyenne, il y avait une désespérance, une souffrance, un sentiment d’étouffement dont, il nous faut le reconnaître, nous n’avions pas pris la juste mesure", a-t-il ajouté.
Le président français a estimé que la "certaine réserve" dont la France a fait preuve est à mettre sur le compte du poids de l’histoire.
"Je revendique une certaine réserve lorsqu’il s’agit de commenter les évènements de pays qui ont été la France et qui ne le sont plus", a-t-il poursuivi, précisant qu’il "revendique cette réserve, ce recul, spécialement sur l’Algérie", où se déroulent également des troubles sociaux.
L’occasion lui a été donnée d’illustrer son propos quand une journaliste lui demanda s’il était prêt à accueillir Abdelaziz Bouteflika en cas d’aggravation du conflit à Alger. Rires dans la salle, et pirouette de Nicolas Sarkozy.
«Je ne veux pas que la France soit assimilée à un pays qui a gardé des réflexes coloniaux", a-t-il martelé. Et quand on l’interroge sur la situation en Côte d’ivoire, ancienne colonie française, le chef de l’Etat se borne à rappeler son soutien au "seul gouvernement légitime de Côte d’Ivoire", celui d’Alassane Ouattara. "Plus nous voudrons faire de l’ingérence et moins nous serons influents", a-t-il conclu.