Paris, capitale du vol
La Ville lumière n’attire pas que des touristes. Alors que la délinquance est en baisse au niveau national (-2,1%), elle augmente de 1,54% dans la capitale. En cause, l’explosion des vols avec violences (+25%). Les femmes, premières victimes.
Les femmes trinquent
Plus de 121.000 vols avec violences ont été commis en France l’an dernier (+7.3%), dont 105.000 environ sans armes. Sur ce total, près de la moitié, 50.046, ont visé des femmes sur la voie publique et autres lieux publics. Les fameux vols à l’arraché de sacs à main et de téléphones portables. "Les voleurs s’attaquent en priorité aux victimes les plus vulnérables, les personnes âgées, les jeunes filles…", commente-t-on à l’ONDRP. Et si l’augmentation est de 13% au niveau national, elle est encore plus importante en Ile-de-France et particulièrement à Paris.
Deux faits divers tragiques sont venus illustrer ce phénomène pas plus tard que fin décembre dans le métro parisien. Il y a d’abord eu le cas de cette jeune femme de 27 ans bousculée dans les escaliers de la station Etienne-Marcel par un "arracheur de sacs". Un garçon de 18 ans qui venait de tenter de voler un téléphone dans une rame et qui dans sa fuite a essayé d’en voler un second en projetant sa victime, qui a fait une chute mortelle. Deux jours plus tard, lors d’une tentative de vol de sac à main, c’est un gamin roumain de 14 ans qui a lourdement fait chuter une octogénaire à la station Mairie-de-Clichy, au point de la plonger dans le coma…
Le marché noir des iPhone
Le succès des smartphones serait donc en partie responsable des mauvais chiffres parisiens? Même s’il existe de forts soupçons qu’une partie de ses vols soient en fait des escroqueries aux assurances, les données de la police parisienne sont explicites. A commencer par cette étude de la police des transports: du 1er février au 31 décembre 2010, 10.710 objets ont été déclarés volés sur le réseau francilien. Des téléphones dans 75% des cas. Et plus précisément des iPhone 3 ou 4 dans plus de 43% des cas. Des modèles qui se revendraient, selon une source policière, jusqu’à 250 euros dans la journée dans le nord de Paris…
"La grande majorité de ces vols sont commis dans Paris intra-muros, là où le réseau est le plus dense, indique le commissaire Robert Hatsch, de la Brigade des réseaux ferrés forte de 1.270 fonctionnaires. C’est un vol d’opportunité, furtif, qui est commis souvent juste avant que les portes ne se ferment. Les auteurs sont souvent jeunes, 14-25 ans, et issus de la proche banlieue. Le quart nord-est de la capitale (gare du Nord, Châtelet, République) est particulièrement concerné. Mais nous ne sommes pas inactifs. Par rapport à 2009, les interpellations pour vols avec violences ont augmenté de 180%!"
Les voleuses du métro
L’autre "plaie" des transports parisiens s’appelle vol à la tire. Il représente plus de la moitié de la délinquance enregistrée dans le réseau ferré et frappe à près de 80% dans Paris, notamment les lignes de métro fréquentées par les touristes. "On parle du 421", plaisante un enquêteur en désignant les lignes 4, 2 et 1. Une délinquance d’origine étrangère à plus de 80%, selon les statistiques de la Préfecture: Roumanie, ex-Yougoslavie… Le coup de filet, fin novembre, qui avait permis de démanteler en France, mais aussi en Espagne et en Italie, le "clan Hamidovic", n’a pas mis fin aux activités des petites voleuses du métro, des mineurs venus de Bosnie et, championne toutes catégories, sous la contrainte, du vol à la tire. "Selon les semaines, elles sont entre 60 et 90, reconnaît Robert Hatsch. Mais, depuis trois semaines, en accord avec le parquet, nous avons changé de tactique. D’abord, nous utilisons notre vidéo-patrouilleur pour mieux orienter les équipes. Et à chaque arrestation, nous saisissons l’argent retrouvé sur elles pour ‘non justification de ressources’…"
La flambée des cambriolages
En surface, 2010 restera aussi comme une année contrastée. Plus de 7.000 Parisiens ont fait la douloureuse expérience du cambriolage de leur habitation principale, soit une hausse de 19,2%. Les "chances" d’être cambriolé à Paris restent néanmoins moindres qu’en Seine-et-Marne, dans les Pyrénées-Orientales, en Haute-Garonne ou, pire encore, en Guadeloupe… Au rayon bonnes nouvelles, le nombre des violences sexuelles recule sérieusement (–9,5%) tout comme celui des vols de voitures (–8,8%) et les destructions et dégradations chutent de 15% malgré les innombrables manifestations qui ont battu le pavé parisien.