Nicolas Sarkozy: « La dissolution peut plonger la France dans le chaos »

Une semaine après la victoire historique de l’extrême droite aux européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale, l’ancien président français Nicolas Sarkozy fustige la décision d’Emmanuel Macron et désavoue sur le fond et sur la forme le choix du patron des Républicains (droite) Eric Ciotti de conclure une alliance avec le Rassemblement national (RN). 

« La décision a été prise, je ne peux donc hélas que la commenter. Elle m’inspire deux réflexions. D’abord, donner la parole au peuple français pour justifier la dissolution est un argument curieux puisque c’est précisément ce que venaient de faire plus de 25 millions de Français dans les urnes ! (…) Deuxième remarque :  cette dissolution constitue un risque majeur pour le pays comme pour le président », a fait valoir M. Sarkozy dans un entretien au Journal du Dimanche (JDD).

« Pour le pays, déjà fracturé, parce que cela peut le plonger dans un chaos dont il aura les plus grandes difficultés à sortir. Et pour le président, à qui il restait trois ans de mandat, et dont j’aurais préféré qu’il les utilisât pour accomplir ce que les Français souhaitent. La France se trouve dans une situation qui, de mon point de vue, apporte davantage de tensions que de clarifications. J’aurais souhaité plus de pouvoir pour le président, pas moins », souligne Nicolas Sarkozy.

A la question si le président Macron l’avait consulté avant la dissolution, il a répondu: « Je n’ai été ni consulté ni informé, ce qui n’est pas un problème puisque le président n’avait pas à le faire. Je n’ai pas évoqué cette décision avec lui avant qu’il ne la prenne ».

« J’ai l’impression de revivre la dissolution de 1997 ! Je redoute que les mêmes causes produisent des effets plus graves encore. Peut-être ai-je été trop marqué par les conséquences de cette erreur ? L’avenir dira si j’ai eu tort », a-t-il poursuivi.

L’ancien président s’est montré critique sur la gouvernance d’Emmanuel Macron.  » La campagne va durer trois semaines. Elle sera donc très courte. Maintenant qu’il a renversé la table, il faudrait donc qu’il se taise ! « .

Sur un changement du  Rassemblement national, Nicolas Sarkozy estime que le parti a fait un « travail sur lui-même indéniable », tout en s’interrogeant sur l’inexpérience de l’actuel président du parti d’extrême droite, ainsi que sur sa capacité à gérer Marine Le Pen.

Reste la décision jugée « inopportune » et prise seul par Éric Ciotti, président d’un parti persistant depuis 2016 « dans une impasse stratégique », de s’allier à Marine Le Pen. Son tort ? Avoir tranché un débat, seul, « avant qu’il ait pu prospérer » au sein des instances dirigeantes de son parti.

« Il aurait dû soumettre aux instances dirigeantes de son parti sa conviction de la nécessité d’une alliance avec le RN et proposer aux adhérents de se prononcer par vote électronique dans un court délai. La question aurait alors été tranchée calmement et de façon incontestable. Il n’y aurait pas eu un déni de démocratie. On ne peut pas agir ainsi », a-t-il déploré.

 

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