Le Niger craint l’instabilité avec l’arrivée du fils de Kadhafi

Le Niger risque de ranimer la rébellion des touaregs dans la partie désertique du nord du pays s’il négocie mal l’entrée sur son sol de Saïf al Islam, fils de Mouammar Kadhafi, estime un responsable des opérations humanitaires, dimanche.

Saïf al Islam se trouverait actuellement dans une zone montagneuse au sud de la Libye à la frontière avec l’Algérie et le Niger occupée par les touaregs qui vouent une fidélité à son père défunt pour le soutien qu’il leur avait témoigné dans leur insurrection.

Le Niger, qui dépend de l’aide internationale, n’a pas confirmé la présence d’Al Islam sur son territoire mais il a fait savoir qu’il respecterait ses engagements auprès de la Cour pénale internationale qui a lancé un mandat d’arrêt contre le fils de Kadhafi.

"Si le gouvernement décide de le livrer (à la CPI), l’opinion nationale doit être consultée pour s’assurer que cela ne va pas créer de nouvelles tensions", estime Moustapha Kadi, coordinateur de l’action des ONG au Niger.

"Nous venons juste d’en terminer avec une rébellion. Nous ne souhaitons pas un nouveau conflit dans le Nord. Nous ne souhaitons pas de nouveaux enlèvements d’Occidentaux, ni d’attaques contre les bâtiments gouvernementaux", dit-il.

"Si la question du fils de Kadhafi n’est pas réglée correctement, cela pourrait déclencher des situations ingérables", poursuit-il.

Grâce à des négociations menées en partie sous la houlette de Kadhafi, le Niger et son voisin le Mali ont réussi en 2009 à conclure un accord de paix précaire avec les rebelles touaregs après deux années d’insurrection.

Mais depuis, les autorités de Niamey ont dû faire face à une multiplication des actions de groupes liés à Al Qaïda contre des ressortissants occidentaux dans la partie nord du pays qui abrite des mines d’uranium.

En 2010, un coup d’Etat a été mené par les soldats qui ont ensuite restitué le pouvoir aux civils au mois de mars.

Les sympathies pour Kadhafi se sont exprimées d’une manière plus évidente récemment, en particulier dans la ville d’Agadès où des centaines de personnes se sont rassemblées cette semaine dans la principale mosquée de la ville pour rendre hommage à la mémoire du dirigeant libyen défunt.

Des habitants interrogés par Reuters ont affirmé qu’ils étaient prêts à donner l’abri à Saïf al Islam et qu’ils manifesteraient s’il était extradé vers La Haye.

Le Niger a déjà accueilli plusieurs fidèles de Mouammar Kadhafi dont son fils Saadi qui n’est pas visé par la CPI. Niamey n’exclut pas de remettre Saadi aux nouveaux dirigeants libyens mais seulement après avoir obtenu l’assurance qu’il bénéficiera d’un procès équitable.

"La manière dont Kadhafi a été exécuté suggère qu’il n’y a pas de preuve qu’il bénéficiera d’un jugement équitable", ajoute Kadi.

Selon lui, si Saïf al Islam sollicite l’asile du Niger, la décision devra prendre en compte les aspects humanitaires et les conséquences pour la sécurité du pays.

"Le gouvernement est libre d’étudier cela sans exclure la requête de la CPI. Nous devons privilégier les intérêts du Niger", a-t-il dit.

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