France: le pouvoir « très attentif » au rassemblement de l’UOIF

La 29e Rencontre annuelle des musulmans de France organisée par l’UOIF, proche des Frères musulmans, s’est ouverte vendredi près de Paris dans une ambiance crispée après les coups de filets récents dans les milieux islamistes radicaux et les nouvelles mises en garde du pouvoir.

Le ministre de l’Intérieur Claude Guéant a prévenu sur la radio Europe 1 que les pouvoirs publics seraient "très attentifs" au rassemblement de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), accusée par le pouvoir de liens avec des prédicateurs intégristes.

"Nous sommes extrêmement vigilants sur le respect de l’ensemble des composantes de la loi républicaine, par exemple nous courons le risque évidemment qu’il y ait à l’extérieur de l’enceinte des femmes voilées de façon intégrale. C’est contraire à la loi dans l’espace public, la police interviendra", a-t-il dit également.

M. Guéant a par ailleurs répété qu’il regrettait la venue du très influent et très controversé intellectuel suisse d’origine égyptienne Tariq Ramadan. Tariq Ramadan "va parler demain (samedi) et je le regrette. J’ai personnellement demandé aux responsables de l’UOIF de renoncer à cette invitation, compte tenu des propos très ambigus que Tariq Ramadan a tenus dans le passé", a-t-il dit.

Le président de l’UOIF Ahmed Jaballah a ouvert le congrès en évoquant "la blessure" des musulmans "stigmatisés" par des discours de responsables politiques.

"Nous ne demandons pas un droit à la différence, mais un droit à l’indifférence", a souligné M. Jaballah.

M. Jaballah s’est dit "surpris" des accusations portées contre les prédicateurs empêchés de venir au congrès, estimant que ces personnes tenaient "d’une manière générale" des discours modérés. Sur la question palestinienne, a-t-il ajouté, elles n’ont jamais tenu de propos antisémites, mais ont défendu les droits des Palestiniens à être indépendants.

"L’UOIF n’a jamais donné une tribune à des discours de haine", a ajouté son président, rappelant que depuis 29 ans, l’organisation avait toujours milité pour un engagement citoyen, contrairement à d’autres fédérations qui reçoivent le soutien de pays étrangers.

"Les musulmans se sentent blessés, stigmatisés, comme à chaque campagne électorale", a-t-il souligné.

Le rassemblement organisé au Bourget (près de Paris) se tient jusqu’au 9 avril.

Après avoir exprimé le refus de la France d’accueillir plusieurs prestigieux invités, dont l’imam qatari d’origine égyptienne Youssef Qaradaoui, le président français Nicolas Sarkozy avait mis en garde contre la présence d’intervenants prêchant la violence.

Il avait prévenu mardi qu’il ne tolèrerait pas "que puissent s’exprimer au cours d’une manifestation publique organisée sur le sol français les porteurs de messages d’appels à la violence, à la haine, à l’antisémitisme, qui constituent des attaques insupportables contre la dignité humaine et les principes républicains".

Ce positionnement survient alors que la France, en pleine campagne présidentielle, a été bouleversée par les tueries du jihadiste Mohamed Merah, qui a assassiné dans le sud-ouest de la France trois militaires et quatre juifs, dont trois enfants. Deux vagues d’arrestations dans les milieux des islamistes intégristes ont depuis été menées tandis que des imams radicaux ont été expulsés de France.

L’UOIF est l’une des principales organisations islamiques de France, le pays d’Europe qui accueille la plus forte communauté musulmane (plus de 4 millions de membres).

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