Evans, une première détonante
Le champion du monde, qui a repris Contador sur la fin, a remporté mercredi la classique belge pour la première fois.
D’une longueur officielle de 900 m, le Mur de Huy a une nouvelle fois semblé durer une éternité dans dans les dernières minutes de la Flèche Wallonne mercredi. Avec des rampes qui dépassent les 20 % au plus fort de la pente, l’escalade finale a livré un condensé d’émotions et d’enseignements sur les principaux leaders du peloton : meilleur spécialiste actuel dans les courses par étapes, Alberto Contador (3e) s’est montré parfaitement taillé pour ajouter la classique ardennaise à son palmarès mais a sans doute payé son manque d’expérience sur cette côte tellement particulière. C’est justement l’expérience et le souvenir des échecs passés qui a offert la victoire à Cadel Evans. Maillot de champion du monde sur les épaules, le Poulidor du dernier quinquennat sur le Tour a confirmé par sa gestion du final qu’il était bien devenu un grand spécialiste des courses d’un jour, avec une belle intelligence tactique.
Parfois pointé du doigt pour son mauvais sens tactique, ses stratégies peu ambitieuses et son palmarès d’éternel second (2e du Tour en 2007 et en 2008), Cadel Evans donne enfin sa pleine mesure sur les courses d’un jour où son punch fait des merveilles. Quelques mois après son titre mondial décroché avec un parfait timing de l’attaque, le coureur de BMC a offert la première victoire de la saison à son équipe en produisant son effort au meilleur moment dans le dernier kilomètre. «J’avais déjà fini neuvième (en 2005), deuxième (en 2008) et cinquième (en 2009), a rappelé l’Australien dès sa descente du vélo. Lors de la reconnaissance, j’ai à nouveau étudié la dernière montée et la tactique que j’ai choisie, c’est vraiment d’attendre les derniers mètres pour me livrer à fond.» Il a ainsi regardé Igor Anton et Alberto Contador s’épuiser à 500 m de la ligne, dans ce virage si raide que rester sur son vélo est un miracle, avant de griller le leader d’Astana dans les 50 derniers mètres, avec un autre puncheur dans sa roue, l’Espagnol Joaquim Rodriguez (Katusha).
L’expérience de la victoire et du podium n’a rien pu faire pour l’Espagnol Alejandro Valverde (8e) et le Luxembourgeois Andy Schleck (9e), dépassés au moment de l’emballage final. Comme de nombreux outsiders, les Saxo Bank avaient d’ailleurs essayé de profiter du remodelage des cinquante derniers kilomètres, plus sélectifs, pour anticiper la course de côte. Frank Schleck s’est lancé dans une échappée à quatre (avec Loosli, Kreuziger et Tankink) à 30 km de l’arrivée mais sans jamais prendre plus de 30 » sur un peloton emmené par les maillots bleu ciel d’Astana. Revenu en contre avec Alexandre Kolobnev, Benoît Vaugrenard (FDJ) a également anticipé l’escalade du Mur de Huy mais le regroupement général sous la flamme rouge a une nouvelle fois débouché sur une course de côte où le meilleur Français, Christophe Le Mével (14e) a assisté de trop loin à la consécration tardive de Cadel Evans. – Anthony THOMAS-COMMIN