Entre Aubry et Royal, un « gentlewomen’s agreement » qui perdure

Profitant de l’absence médiatique de Dominique Strauss-Kahn, le duo formé par Martine Aubry et Ségolène Royal s’est imposé au Parti socialiste même si l’entente cordiale entre les deux anciennes rivales aura probablement du mal à survivre à la compétition présidentielle qui s’annonce.

Loin de ses prises de position iconoclastes à répétition, l’ancienne candidate à l’Elysée a défendu cette semaine le contre-projet de réforme des retraites du PS en lieu et place de la première secrétaire — dernière manifestation en date de leur rapprochement après les déchirements du congrès de Reims, en 2008.

Le retour en force de la présidente de Poitou-Charentes, qui a promis "solennellement" de revenir sur le relèvement de l’âge légal de la retraite, a déclenché les foudres de la majorité, qui a pointé les "ambiguïtés" des socialistes sur ce point ainsi que le "silence" de Martine Aubry.

A l’unisson des autres dirigeants du PS, qui ont vanté qui le "punch", qui "l’offensive", qui la "pédagogie" de Ségolène Royal sur le plateau de "A vous de juger", Martine Aubry est montée au créneau samedi pour défendre les positions des socialistes.

"Dans le fond, ce qui les gêne le plus, c’est que nous parlons tous d’une même voix", a estimé la maire de Lille devant la fédération PS du Nord. "J’ai entendu Ségolène Royal qui était convaincante (…) On a tous dit la même chose: la pire des mesures, c’est le report de l’âge légal et nous reviendrons dessus", a ajouté l’ancienne ministre de l’Emploi et de la Solidarité.

Chef du jeu collectif socialiste, Martine Aubry file la métaphore sportive: au PS, "nous nous passons la balle".

En petit comité, elle se félicite d’être parvenue à ce que "plus personne n’a(it) un pied dedans et un pied dehors", une formule souvent réservée à Ségolène Royal pendant la période glaciaire qui a suivi le congrès de Reims.

EFFACEMENT?

Ce nouveau climat, au beau fixe, est dicté par la situation de la France et des Français, malmenés par la crise et par la politique de Nicolas Sarkozy, explique-t-on dans les deux camps.

"Ce n’est pas juste une histoire humaine ou d’atomes crochus. Chacune a sa personnalité, c’est vrai", concède Guillaume Garot, proche de Ségolène Royal, pour expliquer la détente décrétée. "Elles ont une responsabilité politique partagée: la gauche doit rester unie face à la responsabilité presque historique de l’emporter en 2012."

Les deux femmes se téléphonent, se voient, se consultent régulièrement depuis les élections régionales de mars et les entourages se chargent de le faire savoir si bien que chez les autres "présidentiables" socialistes, on s’agace.

"De la mousse médiatique", peste un proche de François Hollande pour qui "le PS ne fonctionne pas en stéréo mais en quadri voire en quinquaphonie".

Les mêmes s’interrogent sur la stratégie de Martine Aubry, qui n’a pas assisté à la réunion des députés PS mardi, à quelques heures du débat parlementaire sur la réforme des retraites, et prend le risque de céder, le temps d’une émission de télévision, son fauteuil de chef de l’opposition à Royal pour cause d’engagements dans sa région.

L’entourage de la première secrétaire réfute la thèse de l’effacement, signe supplémentaire pour les Cassandre que Martine Aubry n’est pas à l’aise à la tête du PS et n’a pas envie de se battre pour être la candidate socialiste en 2012.

Cette répartition des rôles, avec Ségolène Royal mais aussi François Hollande qui était invité sur TF1 mercredi soir, "prouve juste que le PS est une véritable équipe", se réjouit Claude Bartolone.

Loin d’être inquiet, le député de Seine-Saint-Denis rappelle avec gourmandise que les sondages classent Martine Aubry en tête des meilleurs opposants à Nicolas Sarkozy. "Le premier socialiste derrière est septième".

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